La plateforme sous le feu des critiques
Plus de 10'000 hôtels attaquent Booking.com en justice

Plus de 10'000 hôtels participent à un recours collectif contre le portail de voyages Booking.com, réclamant des dommages et intérêts pour des années de fixation de prix imposée.
Publié: 16:59 heures
Partager
Écouter
1/4
Beaucoup de personnes réservent leurs vacances via Booking.com.
Photo: Shutterstock
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Booking.com est une plateforme indispensable pour de nombreux hôtels. Mais en raison de son pouvoir sur le marché, elle est aussi source d'une grande frustration. Depuis des années, des conflits juridiques surviennent régulièrement.

Dernier épisode en date: environ 10'000 hôtels en Europe ont décidé de participer à un recours collectif. Celui-ci semble prometteur après que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a jugé à l’automne 2024 que les clauses de parité tarifaire sont contraires au droit de la concurrence. Ces clauses, utilisées par Booking.com dans ses contrats, empêchaient les hôtels de proposer leurs chambres à un tarif inférieur en dehors de la plateforme, par exemple sur leur propre site web.

Du point de vue de Booking.com, il existe un risque que les clients trouvent les hôtels via la plateforme, mais réservent ensuite directement à un tarif moins cher auprès de l’hôtel. Cependant, les juges de la CJUE ont estimé que des plateformes comme Booking.com peuvent exister économiquement même sans de telles exigences.

L’industrie hôtelière parle de «pratiques abusives»

«Les hôteliers européens ont longtemps souffert de conditions injustes et de coûts excessifs», déclare Alexandros Vassilikos, président de l’alliance européenne des hôtels Hotrec. Le recours collectif envoie donc un message clair: «Les pratiques abusives sur le marché numérique ne seront pas tolérées par l’hôtellerie en Europe.»

L’objectif est d’obtenir des dommages-intérêts pour la période de 2004 à 2024. La plainte sera jugée devant un tribunal néerlandais, le siège du portail de voyage se trouvant à Amsterdam. Elle est soutenue par Hotrec, la fédération européenne représentant les intérêts des hôtels, ainsi que plus de 30 associations hôtelières nationales, dont HotellerieSuisse. En raison du grand nombre de participants, la date limite d’inscription a été prolongée jusqu’au 29 août.

Difficile de se passer de Booking.com

Pour les voyageurs, le recours collectif ne change rien: Booking.com a supprimé les clauses dans l’Espace économique européen à cause de la loi européenne sur les marchés numériques (Digital Markets Act, DMA) en 2024 – même avant dans certains marchés, en Suisse, par exemple, dès le 1er décembre 2022. Récemment, le surveillant des prix a également indiqué vouloir obliger Booking.com à réduire ses commissions auprès des hôtels suisses. La plateforme entend contester cette décision.

Malgré ces nombreuses critiques, Booking.com reste indispensable pour de nombreux hôteliers. Selon une étude de Hotrec et de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (Valais), la part de marché de la maison-mère Booking Holdings en Europe s’élevait à 71% en 2023. Et l’argument de la CJUE, selon lequel Booking.com peut exister même sans clauses de parité tarifaire, semble se vérifier: Booking Holdings a fortement augmenté son chiffre d’affaires, ses réservations et ses bénéfices au deuxième trimestre 2025.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la