«Plus blanc et excitant»
Hollywood fait un bond en arrière et déclare la guerre au wokisme

Alors que des normes plus inclusives s’étaient peu à peu imposées, Hollywood opère un véritable retour en arrière. Le remake du film «Basic Instinct» revendique une posture «anti-woke». Parallèlement, plusieurs studios mettent fin à leurs programmes de diversité.
Publié: 31.08.2025 à 16:09 heures
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Dernière mise à jour: 04:59 heures
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Le film «Basic Instinct» avec Michael Douglas et Sharon Stone devrait prochainement faire l'objet d'un remake.
Photo: imago images / United Archives
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Patricia Broder

L'un des films les plus provocateurs des années 90 est de retour. Le géant américain Amazon a acheté le scénario d'un remake du film culte «Basic Instinct». Le scénariste et producteur Joe Eszterhasa a empoché 2 millions de dollars pour ce script. A cette occasion, il promet de livrer une œuvre «anti-woke». «Je ne crois pas au wokisme ni au politiquement correct, car ça ne représente pas la vérité. J'aime que la vérité soit dite», a-t-il récemment déclaré dans une interview au portail people «The Wrap».«Je vais offrir aux spectateurs une chevauchée sauvage et orgasmique», a-t-il fièrement annoncé.

Avec ce nouveau film, Hollywood signe un changement de cap. Pendant plus d'une décennie, des valeurs progressistes ont été mises en avant. Cela s'est traduit notamment dans les castings, en réaction à des campagnes comme #OscarsSoWhite, qui dénonçaient le manque de diversité devant et derrière la caméra. Des séries comme «Reservation Dogs», entièrement écrites par des femmes autochtones et interprétées exclusivement par des Amérindiens, ont raconté pour la première fois l'histoire authentique de ce peuple.

«Transparent» mettait pour la première fois à l'affiche une femme transgenre. «Lovecraft Country» associait l'horreur à l'histoire afro-américaine et à la critique du racisme. Les studios et les chaînes ont mis en place des responsables de la diversité et de l'inclusion, les agences de talents ont cherché à recruter des acteurs queers ou noirs. Avec l'essor de ces nouvelles normes, certains thèmes sont devenus plus sensibles. Les groupes conservateurs se sont plaints que leurs histoires ne trouvaient plus leur place dans ce milieu.

«Blanches, minces et séduisantes»

Aujourd'hui, la balance oscille à nouveau. La série Netflix «The Hunting Wives», actuellement acclamée aux Etats-Unis, mise sur le sexe et la rupture des tabous, et sur un casting presque exclusivement blanc. Malin Akerman joue dans cette série à succès une riche Texane blanche à l'accent du Sud, bien évidemment armée d'un fusil.

En tant que femme fatale intrigante, elle n'a pas seulement une liaison avec le fils du pasteur, mais aussi avec une jeune épouse, jouée par Brittany Snow, qui vient d'emménager. Une liaison lesbienne peut sembler progressiste au premier abord. Mais dans la série, il s'agit surtout d'un élément délibérément érotique et provocateur. Cela se traduit notamment par le fait que ces deux femmes correspondent au vieil idéal hollywoodien: blanches, minces et séduisantes.

La star du cinéma Sydney Sweeney a, elle aussi, créé la polémique avec sa publicité pour des jeans, dans laquelle elle s'extasiait sur «ses bons gènes». Un véritable tollé! Des excuses? Aucunement. Des répercussions dans le milieu du cinéma? Sûrement pas. «Hollywood est à nouveau chaud, excitant et blanc», commente le «New York Times». 

Une répercussion de la situation politique

Ce changement de direction reflète la situation politique aux Etats-Unis. Avec le retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, la suppression des programmes de diversité, d'équité et d'inclusion ont suivi. De nombreux studios ont emboité le pas. Après la fusion de Paramount, l'un des plus anciens studios hollywoodiens, avec la société de production Skydance, la nouvelle direction a annoncé qu'elle allait supprimer tous les programmes liés à l'inclusion et la diversité. Critique de Trump, l'émission de fin de soirée «The Late Show» avec Stephen Colbert a été supprimée. Cela a été rendu possible par le fait que la nouvelle structure du groupe comprend également le réseau de télévision CBS, sur lequel l'émission était diffusée.

Mel Gibson, mis au ban d'Hollywood pendant des décennies en raison de ses propos racistes et antisémites, sera de nouveau présent sur le grand écran l'année prochaine. Il apparaitra d'abord dans la comédie familiale «Monster Summer» et le cinquième volet de sa série d'action «Lethal Weapon». Il travaille en parallèle sur une épopée biblique en deux parties «La résurrection du Christ», qui sortira en salle en 2027.

Reste à savoir si «Lethal Weapon 5» ou la nouvelle version «Basic Instinct» auront du succès. A Hollywood, comme dans tout autre domaine, peu importe l’avis des faiseurs d’opinion: seul compte ce que le public veut voir.

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