Le président turc Recep Tayyip Erdogan a décrété vendredi une «Décennie de la famille». Son but est de contrer la dénatalité en Turquie, fustigeant une fois de plus la «perversion LGBT». «Nous déclarons la période 2026-2035 comme la Décennie de la famille et de la population», a déclaré le chef de l'État en ouverture du Forum international de la famille, à Istanbul.
«Le taux de natalité de la Turquie, pour la première fois dans notre histoire, a chuté à 1,48. C'est un désastre. Ce chiffre est bien en dessous du seuil critique de 2,1 enfants par femme, nécessaire au renouvellement des générations», a prévenu Erdogan citant les données de l'Institut national des statistiques (Tüik).
«Notre pays est confronté à un grand danger», a-t-il insisté. «C'est pourquoi nous avons lancé un appel à toutes les familles pour qu'elles fassent au moins trois enfants.» En 2001, le taux de natalité en Turquie atteignait 2,38 enfants par femmes selon le Tüik. Ce n'est pas la première fois que le chef de l'État, pieux musulman lui-même père de quatre enfants, s'inquiète de la baisse démographique dans son pays.
Il avait déjà proclamé 2025 «Année de la famille», promettant une aide aux jeunes mariés par la création, en 2023, à la faveur d'une campagne présidentielle, d'un «Fonds pour la famille et la jeunesse». Il a une nouvelle fois dénoncé vendredi le «fléau» et la «perversion LGBT»: les personnes homosexuelles et transgenres étaient devenues sa cible récurrente lors de la campagne en 2023.
Le «fascisme» du mouvement LGBT
«La lutte contre la perversion LGBT est une lutte pour la liberté, la dignité et pour sauver l'avenir de l'humanité», a-t-il lancé vendredi affirmant que «ce mouvement déviant LGBT (...) s'est transformé en une forme de fascisme et d'oppression qui rejette toute autre idéologie différente».
Selon lui «des entreprises multinationales et certains États promeuvent ce problème» et le fait que «des artistes, des hommes politiques, des hommes d'affaires et des scientifiques critiquent les LGBT leur vaut d'être lynchés», a-t-il affirmé.
Il a refusé en revanche de considérer que la chute de la natalité est liée à la crise économique que subit le pays, frappée par une forte inflation et la dévaluation de sa monnaie, comme l'avance l'opposition.
«La baisse du taux de natalité en Turquie n'est pas due aux problèmes ponctuels de l'économie. À mesure que le niveau de prospérité augmentait, notre taux de fécondité commençait à baisser», a-t-il souligné.