A peine un jour après l'attaque israélienne contre l'Iran, le 13 juin, un avion cargo décolle de Chine. Le lendemain, un autre suit, puis, le lundi 16 juin, un troisième s'envole, cette fois depuis Shanghai. Leur point commun? Tous trois disparaissent des radars à l'approche de l'Iran au-dessus du Turkménistan, rapporte «The Telegraph» le 18 juin.
Le mystère s'intensifie lorsque l’on découvre que, selon les plans de vol initiaux, leur destination était le Luxembourg. Problème, aucun de ces avions ne semble avoir approché l’espace aérien européen. Des questions surgissent sur ce que pouvait bien contenir ces avions alors que le conflit entre l'Iran et Israël fait rage.
Les experts en aviation soulignent que ces Boeing 747 cargo sont souvent utilisés pour le transport de matériel militaire et d’armements, notamment pour des commandes gouvernementales. Ces avions sont bien connus pour leur capacité à transporter des cargaisons sensibles, en particulier dans le cadre de missions liées à la défense.
La Chine, allié stratégique de l'Iran
La Chine et l'Iran entretiennent des relations solides, principalement en raison de leur opposition commune à l'ordre mondial dominé par les Etats-Unis. Dans le domaine énergétique, l'Iran joue un rôle clé en tant que fournisseur de pétrole pour la Chine, expédiant jusqu’à deux millions de barils par jour. Le maintien du régime iranien est donc crucial pour Pékin, qui redoute les conséquences d’un éventuel effondrement.
«L'effondrement du régime actuel aurait des répercussions profondes, créant une instabilité majeure au Moyen-Orient, ce qui nuirait directement aux intérêts économiques et énergétiques de la Chine», explique Andrea Ghiselli, professeur spécialisé dans les relations de la Chine avec le Moyen-Orient.
La Chine, malgré les critiques internationales, a déjà fourni du matériel militaire à l'Iran. Elle a, par exemple, envoyé des milliers de tonnes de matériaux pour le développement de missiles balistiques, susceptibles d’être utilisés dans le programme nucléaire iranien.
Pékin prêt à se mettre Trump à dos?
D'un autre côté, une implication directe de la Chine dans le conflit pourrait nuire à ses tentatives de stabiliser ses relations avec les Etats-Unis, allié majeur d'Israël. «La présence de matériel militaire chinois rendrait cela impossible, d'autant plus qu'il y a déjà des pressions pour que les Etats-Unis rejoignent la guerre afin de contenir la Chine», avertit l'expert.
Dans cette dynamique, il est probable que Pékin choisisse plutôt la prudence. Mais malgré «la faible probabilité» que Pékin envoie ouvertement du matériel de défense à Téhéran, cette option ne peut être complètement écartée.
Des cargaisons mystérieuses
Sans inspections indépendantes, il est impossible de savoir ce que contiennent exactement les avions cargo. Cargolux, la société luxembourgeoise opérant ces vols, a indiqué que ses appareils n’avaient pas emprunté l’espace aérien iranien, mais n’a pas fourni de détails sur leur cargaison.
Les manifestes de cargaison ne sont pas accessibles au public, et bien que les marchandises dangereuses ou spéciales doivent être déclarées aux autorités compétentes, les informations fournies peuvent être inexactes, voire trompeuses. Par le passé, la Chine a déjà tenté de faire passer des armes sous couvert de marchandises commerciales, comme une cargaison de «pièces de turbines éoliennes» qui étaient en fait des composants de drones.
Une enquête a également révélé qu'elle avait tenté d’envoyer un milliard de dollars de drones en Libye, dissimulés derrière des sociétés écrans en Europe et en Afrique. Ce silence et ces manœuvres suspectes alimentent les interrogations sur ce que ces cargaisons, disparues dans le ciel, ont vraiment transporté.