Que s’est-il passé à bord du vol AI171 jeudi 12 juin? A peine 30 secondes après avoir quitté la piste d’Ahmedabad, le Boeing 787-8 Dreamliner d’Air India s’est écrasé, provoquant la mort de 241 passagers et membres d’équipage ainsi que d’au moins 24 personnes au sol. Miraculeusement, un seul passager a survécu.
Les causes exactes du drame seront déterminées par l’enquête en cours, menée par les autorités indiennes avec l’appui d’experts britanniques et américains. Mais plusieurs hypothèses se dessinent déjà, comme le rapporte la BBC après avoir consulté des pilotes et spécialistes de l’aviation. Blick fait le point.
Une perte brutale de poussée
Peu après le décollage, le cockpit a émis un appel de détresse. Onze secondes après avoir quitté le sol, le commandant Sumeet Sabharwal lance un message radio: «Mayday… pas de poussée, perte de puissance, impossible de décoller!» Après cela, plus aucun signal ne sera transmis. L’avion perd rapidement de l’altitude et finit par s’écraser sur des bâtiments.
La cause exacte de cette défaillance n’est pas encore connue. Le seul survivant a déclaré aux médias indiens avoir entendu une forte détonation pendant que l’appareil peinait à grimper. Selon la BBC, le Boeing n’a jamais dépassé les 190 mètres d’altitude.
Une double panne de moteurs
Les premières images montrent un avion en difficulté dès le décollage, visiblement en manque de poussée. Plusieurs experts évoquent une panne simultanée des deux moteurs, un scénario extrêmement rare.
Dans ce type de situation, une turbine à air dynamique (ou RAT) est censée prendre le relais pour fournir une alimentation de secours. Une défaillance de ce système, causée par exemple par une contamination du carburant ou un blocage du dosage, pourrait avoir entraîné un arrêt des moteurs. Mais pour l’heure, aucune preuve formelle ne confirme cette hypothèse.
Une collision avec un oiseau
Autre piste: un impact avec un oiseau. Selon plusieurs experts en Inde, cette hypothèse ne peut être exclue. L’aéroport d’Ahmedabad est d’ailleurs réputé pour la présence importante d’oiseaux. «Ils sont toujours là», confie un pilote à la BBC.
Entre 2018 et 2023, 462 collisions aviaires ont été recensées dans l'Etat du Gujarat, dont la majorité à Ahmedabad, selon le ministère indien de l’Aviation civile. Cela dit, une telle collision n’est généralement critique que si elle affecte les deux moteurs, ce qui reste rare.
Des volets mal réglés
Certains spécialistes estiment que le crash pourrait être lié à une mauvaise configuration des volets des ailes, ces éléments indispensables au décollage, qui permettent à l’avion de générer suffisamment de portance à faible vitesse.
Or, jeudi, les températures approchaient les 40 °C à Ahmedabad, ce qui rend l’air plus léger et nécessite une configuration plus agressive des volets, ainsi qu’une poussée plus élevée. Dans ces conditions, la moindre erreur peut s’avérer fatale. Toutefois, les Boeing 787 sont équipés d’un système d’alerte de configuration qui signale ce type d’anomalie avant le décollage. Une telle erreur est très inhabituelle, mais pas impossible.
Un mauvais réglage pourrait indiquer une erreur humaine. Pourtant, le commandant Sumeet Sabharwal et son copilote Clive Kundar n'étaient pas à leur coup d'essai. A eux deux, ils cumulaient plus de 9000 heures de vol. Le commandant affichait plus de 22 années d'expérience comme pilote de ligne.