Malgré les critiques
Angela Merkel décorée de la plus haute distinction allemande

L'ex-chancelière Angela Merkel a été décorée lundi de la plus haute distinction allemande malgré les critiques visant son bilan, en particulier sur ses accommodements présumés avec Moscou, fustigés après l'invasion russe de l'Ukraine.
Publié: 17.04.2023 à 20:11 heures
Seuls les anciens chanceliers Konrad Adenauer et Helmut Kohl ont jusqu'ici reçu cette distinction.
Photo: MICHAEL KAPPELER

Seuls les anciens chanceliers Konrad Adenauer et Helmut Kohl ont jusqu'ici reçu cette distinction, attribuée pour la première fois à une dirigeante allemande et à une ex-ressortissante de la RDA.

La conservatrice Merkel, qui a dirigé l'Allemagne de 2005 à 2021, a reçu la Grand-Croix de classe spéciale des mains du président allemand Frank-Walter Steinmeier, social-démocrate, qui fut également son ministre des Affaires étrangères.

«Pendant seize ans, vous avez servi l'Allemagne avec ambition, sagesse et passion», a loué Steinmeier, lui même très critiqué pour sa politique passée vis-à-vis de Moscou, dans un discours prononcé avant de lui remettre la Grande-Croix.

Après son départ de la chancellerie en décembre 2021, avec une popularité au zénith, l'ancienne dirigeante allemande, âgée de 68 ans, vu son image ternie par la guerre en Ukraine, au motif qu'elle n'aurait pas été assez ferme vis-à-vis de Vladimir Poutine et aurait accentué la dépendance allemande à l'énergie russe.

«Le 24 février 2022 n'a pas seulement transformé l'Europe, il a transformé le monde et notre regard sur la politique allemande et européenne menée auparavant», a déclaré M. Steinmeier.

«Il est important que nous en tirions les leçons: aujourd'hui nous devons penser autrement, agir autrement», a-t-il dit, faisant à cette occasion son propre mea culpa.

Le bilan d'Angela Merkel, à laquelle a succédé le social-démocrate Olaf Scholz, est également critiqué par son propre parti, la CDU.

L'ex-chancelière, à laquelle a succédé le social-démocrate Olaf Scholz, a eu «de grands mérites, notamment au niveau international». Mais elle a «aussi fait des erreurs, certaines flagrantes», a ainsi estimé sur la chaîne d'information NTV Carsten Linnemann, vice-président du parti conservateur.

L'abandon du nucléaire, accéléré par la chancelière après la catastrophe de Fukushima (Japon), a constitué «une erreur» car il a été décidé «sans dire comment nous allions nous approvisionner en énergie de manière plus ou moins autonome», selon lui.

M. Linnemann a aussi évoqué, parmi les «erreurs flagrantes», la décision d'ouvrir les frontières aux réfugiés syriens et irakiens en 2015.

«A la fin de son (quatrième) mandat, notre pays n'était pas en bon état», estime le secrétaire général du parti libéral FDP, Bijan Djir-Sarai.

Mme Merkel, qui s'est attelée à l'écriture de ses mémoires depuis son départ de la chancellerie, reçoit toutefois des éloges, y compris de ses rivaux du SPD et des Verts.

«J'apprécie particulièrement son habileté diplomatique et sa sagesse empathique, grâce auxquelles elle a toujours réussi à forger des coalitions et des compromis viables sur la scène nationale et internationale», souligne ainsi Saskia Esken, une des dirigeantes du SPD.

Mme Merkel a «marqué notre pays comme peu d'autres», abonde le co-dirigeant des «Grünen», Omid Nouripour, pour qui «il n'est pas nécessaire d'être d'accord avec l'ensemble de son action pour reconnaître ses grands mérites».

Lors de la cérémonie, à laquelle ont notamment assisté son époux, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et Olaf Scholz, Mme Merkel a pour sa part constaté: «on dit souvent que la politique est un noeud de vipères. Je dois dire, que je n'aurais pas survécu s'il n'y avait pas aussi un autre côté de la politique».

(ATS)

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