Donald Trump adore le Coca-Cola. Il s'affiche d'ailleurs régulièrement en public avec une bouteille de la célèbre boisson américaine à la main. Mais aujourd'hui, il ne semble plus autant l'apprécier. Le président américain a déclaré sur sa plateforme Truth Social que la douceur de ce soda ne devait dorénavant plus provenir du sirop de maïs bon marché, mais de la canne à sucre. Il estime que «le Coca-Cola avec du sucre issu de la canne à sucre est tout simplement meilleur».
L'ingérence du président américain dans la recette de Coca-Cola semble étrange mais a pourtant plusieurs raisons. D'une part, son ministre de la Santé Robert F. Kennedy Jr. a désigné le sirop de maïs comme étant mauvais pour la santé. Mais à cela s'ajoute une autre raison surprenante et politiques: faire appliquer le célèbre slogan «Make America Great Again», en proposant aux Américains ce qu'il y a de meilleur.
Aux États-Unis, la question du type d'édulcorant utilisé suscite des débats au sein des cercles conservateurs et populistes. Des vidéos circulent notamment sur les réseaux sociaux, montrant que les Mexicains, par exemple, boivent du Coca-Cola avec du sucre de canne classique. Les Américains, quant à eux, se voient proposer des alternatives prétendument de moins bonne qualité comme le sirop de maïs.
Les Américains se sentent désavantagés
C'est justement dans les milieux populistes que l'on a le sentiment que les élites économiques du pays ne se soucient pas de la santé de «l'Américain de base». «De son point de vue, le consommateur américain est traité comme un client de seconde classe, alors que les marchés étrangers reçoivent un produit de haute qualité», explique Philipp Adorf, expert des Etats-Unis à l'université de Bonn (DE).
Le ministre de la Santé de Trump, Robert F. Kennedy, qui veut «rendre à l'Amérique sa santé», dénonce ces édulcorants mauvais pour la santé. Selon lui, l'utilisation excessive de sirop de maïs est une cause majeure de l'obésité des Américains.
Le sucre de canne serait en réalité légèrement «plus sain» que le sirop de maïs. «Le sirop de maïs contient plus de fructose libre, ce qui peut surcharger le foie et entraîner une stéatose hépatique ou une résistance à l'insuline», détaille Melanie Sprenger, responsable de la thérapie en nutrition à l'hôpital universitaire de Zurich. Mais comme partout, la règle est la même: c'est la quantité qui compte.
En Europe, Coca-Cola utilise principalement des betteraves sucrières pour sa boisson qui sont comparables à la canne à sucre du point de vue diététique.
Apaiser la base
En faisant une telle demande, Trump veut donc apaiser ses partisans conservateurs. «Après diverses déceptions, un changement de recette serait au moins une petite victoire pour la base», estime Philipp Adorf. Cette base est notamment irritée par le fait que Donald Trump garde les dossiers Epstein confidentiels et n'applique pas la transparence promise.
C'est donc le point que Donald Trump vise à améliorer avec le changement de recette. Un autre point concerne les importantes subventions accordées aux producteurs de maïs. Celles-ci suscitent des critiques claires, notamment au sein de l'aile plutôt libérale du Parti républicain. «Ce n'est certes pas l'intention première de Trump. Mais cela pourrait apaiser les partisans qui sont sceptiques face à sa politique économique protectionniste dans d'autres domaines», explique Philipp Adorf.
Les actions s'effondrent
L'impact de l'annonce du président américain est déjà visible à la bourse: les actions de plusieurs producteurs de sirop de maïs ont chuté jusqu'à 7%, tandis que celles de Coca-Cola sont restées stables. On s'attend à ce que Trump lance une bataille pour cultiver sa propre canne à sucre afin de se libérer des importations. Ceux qui investissent dans de nouvelles entreprises américaines de canne à sucre devraient donc être gagnants.
En tant qu'entreprise privée, Coca-Cola ne devrait pas se laisser influencer par les propos du président américain. Pour lui imposer un changement de recette, il faudrait une loi ou un règlement sur les ingrédients alimentaires. Le groupe s'est contenté de dire qu'il appréciait «l'enthousiasme» de Donald Trump pour la marque - et qu'il y aurait bientôt «plus de détails sur de nouvelles offres innovantes dans la gamme de produits Coca-Cola».
Cette déclaration est toutefois éloquente. Les patrons de la célèbre boisson savent pertinemment que s'ils ne s'inclinent pas après la demande du président, il risquerait gros. Après tout, Donald Trump a déjà mis beaucoup d'autres entreprises à genoux...