La haute saison bat son plein à Majorque. Cette destination touristique espagnole très prisée déborde de touristes à fin juillet, mais commence à perdre de son hospitalité avec l'animosité des habitants et du gouvernement face à l'afflux massif de touristes. En effet, les locaux continuent de lancer de nouvelles règles pour arrêter ce surtourisme insoutenable.
Pourtant, aujourd'hui les restaurateurs tirent la sonnette d'alarme. Ils se plaignent auprès du «Mallorca Zeitung» des places et des restaurants vides. «Nous sommes très inquiets pour nos recettes. De nombreux restaurants ne survivront pas», déclare Juan Ferrer, président de l'association des restaurateurs CAEB. «A midi, la situation est déjà dramatique dans certains établissements. Le soir, il y a un peu plus de clients, mais ce n'est rien comparé aux étés précédents.»
Des touristes radins?
Les restaurateurs de Majorque décrivent le pire été depuis la pandémie de coronavirus. Cette baisse de fréquentation – en moyenne de 6% – est perceptible dans la quasi-totalité des restaurants sur l'île, selon Juan Ferrer. Dans des villes comme Sóller, une petite ville du nord-ouest de l'île qui s'est beaucoup plainte du tourisme de masse, les vacanciers dépensent jusqu'à 40% de moins.
Même si les plages et les rues sont bondées, avec les prix élevés des vols et des hôtels, les budgets sont plus serrés, explique Juan Ferrer. «Ils font des économies, commandent moins de plats et oublient le vin.» Conséquence: les restaurants ne peuvent plus payer leurs employés. «Avant, nous cherchions désespérément du personnel. Aujourd'hui, nous en avons trop», explique Joan Ruiz, chef des restaurants Can Joan et Vint à Sóller, au journal majorquin.
Par ailleurs, le comportement radin des touristes n'affecte pas uniquement les restaurants. Selon le «Mallorca Magazin», d'autres commerces et prestataires touristiques enregistrent aussi une baisse de recettes. Dans des zones comme la Playa de Palma et Magaluf, leur chiffre d'affaires a été réduit de 20%.
«Mordre la main qui nous nourrit»
Dans le secteur de la restauration, des voix s'élèvent et accusent les campagnes contre le tourisme de masse d'être à l'origine de cette situation. «Nous ne devons pas mordre la main qui nous nourrit», déclare Catalina Marroig, directrice du restaurant Camposol, au «Mallorca Zeitung». Cependant, elle estime que certains établissements ont leur part de responsabilité. Certains auraient massivement exagéré l'augmentation des prix. «Si nous décourageons les vacanciers, cela ne nous servira à rien.»
Il semble que les restaurateurs aient atteint le seuil de tolérance des touristes. La tension entre les clients, majoritairement allemands, et les restaurateurs reste vive. La semaine dernière encore, des serveurs ont protesté contre un nombre croissant de clients exigeant des notes séparées. A Majorque, il est d'usage de distribuer une addition commune pour chaque table à la fin d'un repas au restaurant. Les clients décident ensuite entre eux qui paie quoi. Mais de nombreux touristes ne connaissent pas cette loi tacite et demandent de plus en plus souvent des factures séparées, comme en Allemagne et en Suisse.