Longs, agiles et imprévisibles, les serpents provoquent souvent une peur instinctive. Et en ce moment, ils sont particulièrement nombreux à Majorque. L’île espagnole, prisée des vacanciers, est confrontée à une véritable invasion qui inquiète autant les touristes que certains habitants.
«Nous dénonçons cette situation inquiétante», alerte l’Association pour l’agriculture écologique de Majorque (APAEMA) dans un communiqué qui a tout d’un appel à l’aide. «Le problème le plus visible actuellement est celui des serpents invasifs qui ont déjà colonisé une grande partie de l’île.» L’organisme souligne que le danger ne se limite pas aux humains, mais touche aussi d’autres espèces animales.
«Les serpents sont rapides et très agressifs»
Le serpent fer à cheval est aujourd’hui particulièrement répandu sur l’île. La couleuvre des escaliers, elle aussi invasive, est un peu moins présente, mais tout aussi problématique. Ces reptiles ne sont pas uniquement installés à Majorque, on en trouve aussi sur les îles voisines.
Hans Achilles, architecte paysagiste aux jardins de Son Muda et résident de l’île, connaît bien le phénomène. «Pour beaucoup, c’est un choc, explique-t-il dans un entretien avec Blick. Les serpents sont très rapides et très agressifs.» Heureusement, ils ne sont pas venimeux. Lui-même en a déjà vu plusieurs sur sa propriété. Il insiste aussi sur la nécessité de ne pas les confondre avec les espèces locales, qui sont protégées.
Probablement importés
D’après lui, ces serpents venus du continent seraient arrivés involontairement, cachés dans les cavités des vieux oliviers transportés sur l’île. Ces arbres, prisés dans les propriétés rurales, offrent des abris parfaits en hiver, permettant aux reptiles d’y survivre jusqu’à leur arrivée à Majorque.
Pour contenir le problème, les autorités agissent sur les terres publiques. «Dans les réserves naturelles, les animaux sont activement capturés», précise Hans Achilles. Mais sur les terrains privés, les propriétaires doivent se débrouiller seuls. Hans Achilles propose d’ailleurs un service d’installation de pièges à serpents dans les fincas avec son entreprise. «Mais beaucoup ne le font pas», déplore-t-il. Selon lui, des milliers de serpents ont déjà été capturés. Et pour ceux que l’on ne parvient pas à piéger? «C’est devenu la norme de les tuer lorsqu’on les croise.»
Le problème, c’est que ces serpents invasifs ne sont pas spectaculairement différents des espèces locales. Ils ne mesurent au maximum que deux fois la taille des serpents indigènes, ce qui rend leur identification difficile.
Un combat perdu d'avance
Et l’avenir? L’Allemand se montre pessimiste. «Je pense qu’il sera très difficile d’éradiquer ces serpents à Majorque, affirme-t-il. Je crois que le train est déjà parti.» Selon lui, il faudra désormais apprendre à vivre avec eux. Sur place, les autorités peinent à suivre le rythme des captures.
La couleuvre fer à cheval et la couleuvre des escaliers ne sont pas venimeuses, donc sans danger direct pour l’homme. Mais leur comportement peut être agressif, notamment si elles se sentent menacées. Leur présence constitue cependant une menace réelle pour la faune locale. Elles se nourrissent notamment de lézards indigènes, déjà fragilisés, ainsi que d’oiseaux et de petits mammifères.
