«Ils bougent beaucoup et dépensent peu»
Les «touristes diesel» mettent à mal les commerces de Majorque

Majorque s'est peut-être montrée trop hostile envers ses touristes et semble déjà le regretter. Les restaurateurs et les commerçants se plaignent de la baisse de fréquentation de l'île. Voici ce qu'en pensent les locaux.
Publié: 08:11 heures
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Dernière mise à jour: 08:21 heures
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Les touristes dépensent beaucoup moins d'argent que l'année dernière.
Photo: AFP
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Robin Wegmüller

Depuis des mois, le sentiment anti-touristes à Majorque fait la une des journaux. Les locaux réclament des mesures pour freiner le tourisme de masse et parfois, le gouvernement réagit avec des nouvelles lois drastiques. Cette atmosphère finit par refroidir les touristes. A présent, les commerçants se plaignent de la baisse de fréquentation et de leurs caisses vides. «Nous avons trop de touristes diesel», résume Pepe Tirado, président de l'association des entrepreneurs majorquins Acotur, au «Mallorca Magazin». «Ils roulent beaucoup et dépensent peu.» L'île touristique espagnole semble faire fuir les touristes qu'elle cherche à retenir. Voici ce qu'en pensent les locaux. 

Dans les bars

Le premier cri d'alarme est venu du secteur de la restauration. «Nous sommes très inquiets pour nos revenus», a déclaré Juan Ferrer, président de l'association des restaurateurs CAEB, au «Mallorca Magazin» en début de semaine. Les restaurateurs évoquent le pire été depuis la pandémie de coronavirus. La baisse de la fréquentation est en moyenne de 6%. Dans des villes comme Sóller, une petite cité du nord-ouest de l'île qui se plaignait beaucoup du tourisme de masse, les touristes dépensent même jusqu'à 40 % de moins.

Cette situation pourrait même signifier la fin pour certaines enseignes. «Beaucoup de restaurants ne survivront pas», explique Juan Ferrer. Les bars se plaignent surtout des «touristes du pain», c'est-à-dire ceux qui fréquentent moins les restaurants, tandis que les supermarchés enregistrent une hausse des ventes. Ces clients semblent donc se satisfaire d'un simple sandwich. 

Les organisateurs d'excurssions

Le secteur des excursions ressent aussi la réticence des touristes. Selon Pedro Oliver, président des guides touristiques officiels, les ventes des excursions ont diminué d'un cinquième. Des villes comme Valldemossa, Palma, Sóller et Alcúdia sont particulièrement touchées. Dans certains villages, les arrêts de bus ont été déplacés plus loin du centre. Certains visiteurs semblent réticents à l'idée d'entreprendre de longs trajets, selon le «Mallorca Magazine». De même, les croisières qui débarquent en masse à Majorque réservent moins d'excursions. Auparavant, il y avait environ 30 tours par navire, mais aujourd'hui, il y en a deux fois moins. 

Les détaillants

Les commerçants subissent une baisse de ventes de 10 à 20%, selon les régions. Les petites entreprises, en particulier, sont à bout, déclare Carolina Domingo, commerçante. « Les critiques contre le surtourisme proviennent d'une petite minorité. Mais elles ont causé d'énormes dégâts.» Le marché populaire du mardi à Artà, dans le nord-est de l'île, en est un parfait exemple. Même si le village était très animé ce jour-là, les vendeurs rapportent des ventes nettement plus faibles.

Transport

Pendant ce temps, le président de l'Association des entreprises de transport, Rafel Roig, semble parler au nom de nombreux touristes. «Si vous n'êtes pas le bienvenu, n'y allez pas», dit-il. Son secteur d'activité est aussi impacté. Comme de nombreux représentants du monde des affaires majorquin, il observe avec inquiétude les slogans anti-tourisme, les graffitis et les manifestations façonner cette destination touristique prisée. Certains craignent que Majorque a mordu trop durement la main qui la nourrit.

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