Son flair pour le marché boursier est légendaire: Warren Buffett est probablement le plus célèbre investisseur financier au monde. Son succès l’a élevé au rang de légende de la bourse, notamment parce qu’il garde les choses simples. Il mise uniquement sur des actions et tient les montages financiers complexes en horreur. C’est pourquoi les initiés scrutent particulièrement lorsque l’«oracle d’Omaha», comme on le surnomme, se défait de certains titres boursiers. Et c’est précisément ce qu’il a fait à grande échelle avec des actions de banques américaines, comme le rapporte notamment le «Telegraph».
Selon ces informations, le conglomérat de Buffett, Berkshire Hathaway, a vendu depuis le début de l’année des actions bancaires pour une valeur de 3,2 milliards de dollars. Parmi celles-ci figurent notamment des parts de la Citigroup d’une valeur équivalente à 1 milliard de dollars, ainsi que des certificats de participation de la Bank of America pour 2 milliards de dollars. La vente d’actions de la Bank of America est particulièrement notable, car ce géant financier américain fait partie des quatre institutions sur lesquelles Buffett mise habituellement de manière privilégiée. Environ 10% de l’ensemble des actifs investis de Berkshire Hathaway sont placés dans des actions de la Bank of America. Seules les participations dans Apple et American Express ont une valeur plus élevée.
Les grandes banques mettent en garde contre la «complaisance»
Egalement frappant: les banques américaines apparaissent actuellement comme très stables, avec des résultats semestriels positifs. Ainsi, Citigroup a pu augmenter son bénéfice net de plus de 22% par rapport à la même période de l’année précédente, et Bank of America d’environ 7%. Mais Buffett semble avoir pressenti que l’avenir ne sera pas aussi prometteur. C’est pourquoi il a vendu d’importants blocs d’actions de ces deux banques. «Cela pourrait en partie s’expliquer par l’attente que les valorisations actuelles des actions ne soient pas durables», estime également Gennadiy Goldberg, responsable de la stratégie sur les taux d’intérêt aux Etats-Unis chez le prestataire financier canadien TD Securities, cité par le «Telegraph».
A cela s’ajoute le fait que d’autres figures majeures de Wall Street appellent actuellement à la prudence. Parmi les avertisseurs figure notamment Jamie Dimon, le PDG de la grande banque américaine JP Morgan, qui a vendu en avril des actions de sa propre entreprise pour 31,5 millions de dollars. «Malheureusement, je pense qu’il règne une certaine complaisance sur le marché», a récemment déclaré le patron de la banque lors d’un événement. Il faisait ainsi allusion à l’opinion dominante à la Bourse américaine, selon laquelle le président des Etats-Unis, Donald Trump, menace volontiers de recourir aux droits de douane, mais finit le plus souvent par se raviser.
Que se passe-t-il si Trump n'est pas un «Taco»?
Il existe même une expression pour cela: «Taco», l’abréviation de «Trump always chickens out» – en français: Trump fait toujours marche arrière. Le problème, c’est que si le maître des droits de douane à la Maison Blanche devait cette fois aller jusqu’au bout, cela pourrait prendre Wall Street au dépourvu – et déclencher un séisme boursier, qui n’épargnerait pas les banques américaines. Nous en saurons bientôt plus, car les nouveaux droits de douane doivent entrer en vigueur le 1er août. Pour l’oracle de la Bourse, Warren Buffett, ce risque semble en tout cas trop élevé.