Lors de l’assemblée des actionnaires de Berkshire Hathaway, Warren Buffett a effectué sa dernière grande apparition ce week-end. Pendant six décennies, l’investisseur le plus célèbre du monde a dirigé son empire. Il quittera son poste de CEO à la fin de l’année.
Un départ au sommet. Selon Bloomberg, l’actuel cinquième homme le plus riche du monde possède une fortune estimée à 169 milliards de dollars. Rien que cette année, Warren Buffett a vu sa richesse grimper de 26,6 milliards – tandis que nombre d’autres super-riches, eux, ont essuyé des pertes massives, en grande partie à cause de la politique douanière de Donald Trump. Elon Musk, par exemple, a perdu près de 100 milliards de dollars en 2024.
Du cash plutôt que des actions
L’essentiel de la fortune de Warren Buffett est investi dans sa société. Et jusqu’ici, Berkshire a traversé les turbulences boursières sans trop de heurts. Ce qui s’est passé ces derniers mois «n’est vraiment rien, a-t-il affirmé devant les actionnaires. Ce n’était pas un marché baissier dramatique ou quelque chose comme ça.»
Mais la stratégie actuelle de Berkshire fait craindre que le pire soit encore à venir. Au premier trimestre, l’entreprise a de nouveau vendu des actions, sans réinjecter l’argent en bourse. Même la chute temporaire qui a suivi les annonces tarifaires de Donald Trump n’a pas incité Warren Buffett à racheter.
Résultat? Berkshire est désormais assis sur un trésor de guerre de 348 milliards de dollars en liquidités et actifs équivalents, principalement des obligations d’Etat américaines à court terme. Soit environ un tiers des actifs totaux de la société.
«Ce ne sera pas dans 50 ans»
Pourquoi accumuler autant de cash? Warren Buffett, surnommé «l’oracle d’Omaha» pour son flair boursier, affirme ne pas avoir vu récemment d’investissements intéressants. Trouver des entreprises intéressantes relève selon lui d’une véritable «chasse au trésor». Mais il est certain qu’un jour viendra où «Berkshire sera bombardé d’opportunités pour lesquelles nous serons heureux d’avoir l’argent». Ni lui ni son successeur Greg Abel ne savent si ce sera «dans une semaine ou dans cinq ans». «Mais ce ne sera pas dans 50 ans!»
Warren Buffett ne croit pas à la possibilité de chronométrer le marché. Il estime donc qu’il est illusoire de prédire le moment précis où les cours vont s’effondrer ou bondir. Mais pour cette légende de la finance, une chose est sûre: les valorisations actuelles finiront par reculer.
Il n’a pas dit si un éventuel crash serait causé par Trump ou par d’autres facteurs. D’ailleurs, pas une seule fois le nom du président n’a été prononcé lors de ses quatre heures et demie d’intervention. Il a néanmoins critiqué la politique commerciale américaine: «Le commerce ne devrait pas être une arme, a-t-il déclaré. Je pense que plus le reste du monde deviendra prospère, plus nous le deviendrons aussi.»