L'armée israélienne a perpétré des crimes contre l'humanité d'extermination en ciblant des civils réfugiés dans des écoles et des sites religieux, selon des enquêteurs onusiens. Ils ont dénoncé mardi à Genève une volonté d'affecter les prochaines «générations».
«Nous voyons de plus en plus d'indications qu'Israël mène une campagne concertée pour éliminer la vie des Palestiniens à Gaza», dit la présidente de la Commission d'enquête internationale sur Israël et les territoires palestiniens, Navi Pillay. L'Etat hébreu a recouru à des frappes aériennes, des bombardements, des incendies et des destructions sur 90% des écoles et des universités, ajoute le rapport des trois enquêteurs qui ne s'expriment pas au nom de l'ONU.
Le Hamas aussi pointé du doigt
«Des preuves significatives» d'utilisation d'écoles et de sites religieux pour des raisons militaires, notamment la conversion d'une université en synagogue pour les troupes, ont aussi été obtenues. Le même reproche est fait à la branche militaire du Hamas dans une école, en violation du droit international humanitaire (DIH), ajoute également le rapport.
Les forces israéliennes ont brûlé et démoli plusieurs écoles dans des situations où la Commission a pu établir que cette approche était délibérée et n'était pas utile. Selon elle, cette volonté montre que l'Etat hébreu cherche à priver les prochaines générations de possibilités d'éducation publique.
Des soldats ont enregistré et diffusé des vidéos parfois avant de détruire certaines infrastructures. Plus de 650'000 enfants sont déscolarisés en raison des frappes depuis octobre 2023. Le fait de cibler des civils dans des écoles constitue en lui-même un crime de guerre, ajoutent les trois enquêteurs.
Humiliés et détenus
L'éducation a également été affectée en Cisjordanie par les offensives militaires israéliennes. Plus de 806'000 étudiants palestiniens en ont été les victimes. Et Israël a trop peu oeuvré pour empêcher les colons de s'en prendre à plusieurs sites de ce territoire, explique encore le rapport. En outre, l'Etat hébreu a harcelé, suspendu, renvoyé ou même humilié et détenu des étudiants palestiniens en Israël seulement parce que ceux-ci avaient exprimé leur solidarité avec la population de la bande de Gaza. Les jeunes femmes ont été ciblées.
«Ce qui est notamment perturbant, c'est la nature répandue des attaques contre les sites d'éducation qui se sont étendues bien au-delà de la bande de Gaza pour affecter tous les enfants palestiniens», ajoute Navi Pillay. La Commission, rejetée par Israël, a déjà dénoncé par le passé des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre.
Nombreux sites affectés
A Gaza, plus de la moitié des sites religieux ou culturels ont été endommagés. Notamment des immeubles religieux où étaient réfugiés des habitants, tuant plusieurs centaines de personnes au total. L'armée israélienne aurait dû éviter de provoquer des conséquences pour les civils, insistent encore les trois enquêteurs.
Dans les dix cas examinés attentivement, les enquêteurs n'ont observé aucune légitimité militaire des cibles. En Cisjordanie, Israël a déplacé de force des populations et empêché leur accès à des sites religieux et culturels.
La Commission demande à l'Etat hébreu de mettre un terme à ses attaques. Elle l'enjoint également à arrêter les projets de nouvelles colonies, notamment lorsqu'elles ont des conséquences sur des sites religieux et culturels. Et à se conformer aux ordonnances de la Cour internationale de justice (CIJ). Le Hamas ne doit quant à lui plus utiliser des infrastructures civiles comme objets militaires, ajoute le rapport.