Les conséquences de l'accord douanier
Le Cybertruck d'Elon Musk s’apprête-t-il à conquérir les routes suisses?

L'accord douanier entre la Suisse et les Etats-Unis prévoit aussi d'adopter les normes automobiles américaines, ouvrant ainsi la route au pickup géant d’Elon Musk: le Cybertruck. Pourtant, en l'état, ce véhicule n'est pas du tout adapté aux routes helvétiques.
Publié: 17:52 heures
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Le cybertruck ressemble davantage à un véhicule militaire qu'à une voiture... et n'est pas autorisé en Suisse.
Photo: keystone-sda.ch
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Patrik Berger

L'accord douanier conclu par la Suisse avec Donald Trump est sur toutes les lèvres. Les droits de douane seront réduits de 39% aujourd'hui à 15%. Mais pour cela, la Suisse a dû faire des concessions aux Etats-Unis sur de nombreux points. Ainsi, les entreprises suisses ont garanti des investissements à hauteur de 200 milliards de dollars aux Etats-Unis jusqu'en 2027 - parmi elles, des groupes de renom.

L'importation de viande américaine fait également l'objet de controverses. En effet, la Suisse devrait acheter de la viande de bœuf et autres produits américains. Le ministre de l'Économie Guy Parmelin et la secrétaire d'Etat Helene Budliger Artieda ont confirmé vendredi que la Confédération accordait aux Etats-Unis des contingents tarifaires sur les produits carnés. 

Concrètement, le volume de viande de bœuf est de 500 tonnes, celui de viande de bison de 1000 tonnes et celui de viande de volaille de 1500 tonnes. Mais le fait est que les détaillants suisses n'ont pas du tout envie d'acheter de la viande américaine.

Le cybertruck soudainement autorisé en Suisse?

Un accord discret mais potentiellement conséquent pour nos routes est cependant passé inaperçu: la Suisse s’engage à adopter les normes automobiles américaines. Concrètement, les services suisses de contrôle devront désormais homologuer les véhicules américains de série, tels qu'ils circulent aux Etats-Unis. Jusqu’ici, les gros pickups et SUV américains ne pouvaient rouler chez nous qu’après modifications, notamment de l’éclairage ou du pot d’échappement.

Grâce à l'accord douanier, le multimilliardaire Elon Musk pourrait donc vendre son Cybertruck en Suisse. Jusqu'à présent, il n'était pas possible d'immatriculer le gargantuesque SUV en Suisse. Entre autres parce qu'il ne remplit pas les exigences en matière de sécurité passive, c'est-à-dire de protection des piétons. Le pare-chocs et le capot doivent être conçus de manière à absorber l'énergie en cas d'accident et à protéger les passants, ce qui n'est pas du tout le cas du Cybertruck. La raison? Elon Musk a décidé d'utiliser des tôles particulièrement rigides pour ses véhicules.

Mais le problème du Cybertruck n'est pas seulement la sécurité, mais aussi sa taille. Il est encore plus imposant qu'un VW Amarok. Avec ses dimensions de 5,88 mètres de long, 2,02 mètres de large et 1,9 mètre de haut, il n'y a pas qu'en Suisse que l'on a du mal à trouver une place de parking avec un tel engin. Aux Etats-Unis aussi, le véhicule est trop gros pour un garage standard.

La politique est sceptique

En politique, la perspective de voir bientôt les Cybertrucks d'Elon Musk circuler en zone bleue devant les écoles suisses n'est pas bien accueillie. Le conseiller national socialiste lucernois David Roth se dit très préoccupé pour la sécurité de ses concitoyens auprès de «20 Minuten». «Le fait que le Conseil fédéral considère la sécurité routière comme un sujet de négociation montre de façon exemplaire à quel point il est urgent de mettre un terme à ce cirque», a-t-il déclaré.

La gauche n'est de loin pas la seule à donner un carton rouge à la voiture de Musk. Le conseiller national zurichois du Parti libéral-radical (PLR) Andri Silberschmidt fait lui aussi remarquer que «nous devons maintenant regarder cela de près, un affaiblissement clair des normes de sécurité suisses serait très dangereux.» 

Le conseiller national lucernois de l'Union démocratique du centre (UDC) Franz Grüter voit la question du Cybertruck de manière plus détendue. Il demande une «harmonisation pragmatique». Et déclare à «20 Minuten»: «S'il répond aux normes de sécurité, il n'y a pas de raison objective pour qu'il puisse circuler en toute liberté dans l'Union européenne, mais pas en Suisse».

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