L'accident sanglant de moissonneuse-batteuse qui s'est produit ce week-end à Rostock (Allemagne) a fait la une des journaux. En plein milieu du champ, un jeune agriculteur a dû être amputé des deux jambes lors d'une opération d'urgence improvisée. Le jeune homme de 25 ans a voulu dégager un bouchon dans la trémie à grains de sa moissonneuse-batteuse alors que le moteur était encore en marche. Il s'est directement retrouvé coincé dedans.
Un mécanisme de sécurité sur la moissonneuse-batteuse Lexion de 25 tonnes, également appelé «interrupteur d'homme mort», existe pourtant. Il prévoit que toutes les machines s'arrêtent automatiquement dès que le conducteur se lève de son siège. Mais comme une tierce personne est restée assise dans la cabine du conducteur, et ce, durant l'entretien sur la trémie à grains, la sécurité n'a pas pu être enclenchée.
«Un manque de sécurité»
Roman Engeler, directeur de l'Association suisse pour l'équipement technique de l'agriculture, est très touché par cet accident. Il connaît le domaine de Hohen Luckow, où l'accident s'est produit. Il y a travaillé comme chercheur à l'EPFZ.
«D'après ce que je sais, l'événement est dû à un manque de mesures de sécurité. Il est possible que certaines vis d'Archimède n'aient pas été arrêtées ou qu'elles aient même démarré suite à une erreur de manipulation.» Et pourtant, la règle est la suivante: lorsque le moteur de la moissonneuse-batteuse tourne ou qu'une personne se trouve dans la cabine, les endroits dangereux sont proscrits.
Selon le directeur, les modes d'emploi des machines agricoles indiquent en principe que personne ne doit se trouver dans la zone de danger ou aux «points de commutation» lors de travaux sur la machine. «Ce n'est pas parce qu'il ne s'est rien passé auparavant qu'il ne se passera jamais rien.»
Roman Engeler donne plusieurs conseils. Avant d'utiliser l'appareil, les agriculteurs devraient consulter régulièrement les instructions. «Pour les travaux d'entretien complexes, on peut ou on doit plutôt s'adresser à des spécialistes.»
Le temps presse
Selon Roman Engeler, la pression à laquelle sont soumis les agriculteurs pendant la période des récoltes est élevée. «C'est un problème. Souvent, il n'y a pas assez de main-d'œuvre disponible et les prix à la production sont bas, alors on veut travailler de manière expéditive. De plus, les agriculteurs ne veulent évidemment pas que des machines coûteuses soient hors service pendant des heures.»
Il est cependant encore trop tôt pour évaluer complètement l'accident. Il faut d'abord déterminer si les personnes concernées ont été correctement instruites et si elles disposent de l'expérience nécessaire dans l'utilisation des machines.
32 accidents mortels en Suisse
En Suisse, les exploitations ne possèdent pas elles-mêmes de moissonneuses-batteuses, ce travail est confié à un sous-traitant. En cas d'accident agricole, il n'existe pas d'obligation générale de déclaration. Le Service de prévention des accidents dans l'agriculture (SPAA) et la Fondation AgriSécurité Suisse recensent le nombre d'accidents à partir des rapports de presse et de police.
Entre 2016 et 2019, 32 accidents mortels ont eu lieu au total. Cette tendance semble avoir légèrement diminué ces derniers temps. En 2020, le nombre était de 28. En 2022, il y avait 27 accidents mortels. Il convient de noter que ce chiffre inclut tous les accidents survenus dans le contexte agricole et pas uniquement les accidents avec des moissonneuses-batteuses.
