Des chefs traditionnels de villages bordant le projet gazier de TotalEnergies dans le nord du Mozambique et des ONG ont demandé jeudi au Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU (HCDH) une enquête sur les accusations d'exactions portées contre des soldats mozambicains chargés de protéger le site en 2021.
Des témoignages de détention arbitraire, torture, meurtre et violences sexuelles contre des villageois commis par des militaires dans ce pays d'Afrique australe ont été rapportés par le média Politico en septembre.
Ces troupes étaient missionnées pour sécuriser le projet du consortium Mozambique LNG situé dans la province du Cabo Delgado, en proie à une insurrection jihadiste depuis 2017 et marquée par l'attaque sanglante de Palma en mars 2021, ayant fait plus de 800 morts selon l'organisation collectant des données sur les conflits, Acled.
Des soupçons sur les enquêtes précédentes
«Nous sommes fermement convaincus qu'une enquête menée par le HCDH est nécessaire pour garantir une procédure équitable, impartiale, sûre et tournée vers les victimes», estiment les 66 ONG et les leaders locaux dans leur lettre adressée à Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, dont l'AFP a obtenu une copie. La justice mozambicaine et la commission des droits de l'homme du Mozambique ont chacune ouvert une enquête ces derniers mois. TotalEnergies, qui mène le projet gazier, a souligné avoir «sollicité» ces investigations.
«Aucune des enquêtes ou investigations nationales et internationales en cours n'est perçue comme indépendante», affirment les signataires de la lettre. Ils soulignent que «les violations des droits humains rapportées sont imputées aux forces étatiques» et que les «relations financières et de coopération sécuritaire étroites entre TotalEnergies et le gouvernement mozambicain» font peser le risque d'un «conflit d'intérêts».
La contestation des résultats de l'élection présidentielle d'octobre, entachée d'irrégularités, a illustré la défiance d'une partie de la population vis-à-vis du parti au pouvoir depuis l'indépendance – dont le Mozambique fêtait le cinquantenaire cette année. Plus de 380 personnes ont été tuées dans la répression de la contestation, principalement par balles, selon l'ONG locale Plataforma Decide.