Le moment fatidique est arrivé
L’avenir des échanges commerciaux suspendu aux lettres de Trump

La Suisse tremble devant les droits de douane de Donald Trump. Le président américain a déjà envoyé ce lundi des lettres à plusieurs pays. Soit une offre de deal est proposée, soit une avalanche de droits de douane s’abattra. Blick répond aux questions clés.
Publié: 07.07.2025 à 18:49 heures
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Dernière mise à jour: 07.07.2025 à 21:51 heures
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Quelle sera l'évolution des droits de douane punitifs annoncés par Donald Trump début avril?
Photo: keystone-sda.ch
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Michael Hotz et Nicola Imfeld

Pour l'économie mondiale, la semaine fatidique a commencé. En effet, le délai de grâce de 90 jours pour les droits de douane à l'importation des Etats-Unis arrive bientôt à son terme. Pour l'Union européenne (UE) et la Suisse, ce délai expire mercredi, pour de nombreux autres pays mardi déjà. Dans le monde entier, les craintes sont grandes – également en Suisse, menacée de droits de douane de 31%.

Ce lundi, Donald Trump a déjà vendu la mèche, mais pour l'instant, uniquement pour le Japon et la Corée du Sud. Les marchandises en provenance de ces deux pays seront soumises à des droits de douane de 25%, comme a annoncé le président américain sur son réseau Truth Social. Il s'agissait déjà des droits de douane punitifs imposés par Trump lors de sa «Journée de la Libération», le 9 avril passé. A partir du 1er août, les deux pays devront désormais s'acquitter de ces droits de douane punitifs.

La Malaisie et le Kazakhstan seront aussi soumis à des droits de douane punitifs de 25%. Dans sa lettre adressée à l'Afrique du Sud, Trump parle de 30% de taxes, et pour le Laos et la Birmanie, il impose 40 %.

Avant de connaître le sort de la Suisse – qui n'a pas reçu de lettres pour l'heure – Blick fait le tour de la question.

Que va-t-il exactement se passer ce lundi?

Sur son service de messages Truth Social, Trump a annoncé qu'il enverrait des lettres à des partenaires commerciaux ce lundi à 18 heures, heure suisse. Les destinataires sont «différents pays», peut-on lire dans le post. Les pays concernés sont pour l'instant le Japon, la Corée du Sud, la Malaisie, le Kazakhstan, l'Afrique du Sud, le Laos et la Birmanie.

Vendredi déjà, il avait annoncé à bord d'Air Force One avoir déjà signé les lettres. Il «pourrait y avoir 12 lettres, il pourrait y en avoir 15», avait-il dit à l'époque - autrement dit: on ne sait actuellement ni quels pays ni combien de pays recevront une lettre de Trump. Le président américain souhaite donner des informations à ce sujet ce lundi.

Que contiennent ces lettres?

Trump garde également le secret sur le contenu de ces lettres. Ce qui est clair, c'est que les Etats-Unis indiquent aux destinataires le montant des droits de douane qu'ils appliqueront à l'avenir ou s'ils leur proposent un accord commercial. Selon Trump, les droits de douane vont de 10% à 70%. Le courrier en provenance du Bureau ovale n'est donc pas forcément une bonne nouvelle. Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a toutefois laissé entendre que les Etats-Unis annonceraient de nouveaux accords.

Pourquoi Donald Trump mise-t-il sur ces lettres?

Le président américain voit dans les lettres un moyen simple de mettre les pays au courant de l'actualité. «Il est plus facile d'envoyer une lettre qui dit: Ecoutez, nous savons que nous avons un certain déficit ou, dans certains cas, un excédent, mais pas beaucoup. Et voici ce que vous devez payer pour faire des affaires aux Etats-Unis», a déclaré Trump vendredi. L'avantage: contrairement à une conversation téléphonique, la contradiction n'est pas possible immédiatement. 

Il renvoie en même temps à des succès antérieurs pour lesquels il a également misé sur des lettres - par exemple dans l'échange avec le Royaume-Uni, qui a été le premier pays à conclure un nouvel accord commercial avec les Etats-Unis au cours du deuxième mandat de Trump. «Nous l'avons fait avec la Chine, et je pense que c'est très bon pour les deux parties», a déclaré également déclaré le président américain.

A quoi s'attend le Conseil fédéral?

Le Conseil fédéral garde pour lui ce qu'il pense de la démarche de Trump. La ministre des Finances Karin Keller-Sutter, en charge du dossier, se montre toutefois optimiste quant à la possibilité d'éviter la menace de droits de douane de 31% grâce à un accord. Il y a deux semaines, elle s'est entretenue au téléphone avec son homologue américain Bessent: «Il était d'avis que nous étions très proches». Et dans une interview avec Blick, Keller-Sutter a souligné avoir eu une conversation téléphonique «tout à fait normale» avec Trump: «Il a posé beaucoup de questions et s'est montré très intéressé par la Suisse».

Comment les marchés boursiers ont-ils réagi?

Une grande tension règne sur les marchés financiers. Les investisseurs attendent les lettres de Trump - et espèrent de meilleures nouvelles que celles qui avaient été données le jour de la «libération». Immédiatement après le coup de marteau douanier du 2 avril, les bourses du monde entier ont chuté. Aux États-Unis, les indices directeurs ont perdu plus de 14% en trois jours. Le SMI suisse a enregistré sa plus grande perte journalière depuis la pandémie de Covid-19, avec un recul de 6,5%. Par la suite, les marchés se sont redressés. Le SMI reste toutefois sensiblement inférieur à son niveau d'avant les droits de douane. En Amérique, en revanche, les pertes liées aux droits de douane ont été compensées jusqu'en juin.

Que se passe-t-il si la Suisse ne reçoit pas de lettre?

L'espoir est grand qu'une des lettres de Trump soit destinée à la Suisse. Mais si aucun courrier ne parvient à la Berne fédérale en provenance de Washington, le scénario d'horreur avec des droits de douane élevés est à nouveau en vue. Concrètement, les droits de douane actuels de 10% pourraient être majorés de 21 points de pourcentage. Et ce, le jour de notre fête nationale, le 1er août. 

Les droits de douane supplémentaires devraient alors entrer en vigueur, comme Trump l'a annoncé la semaine dernière. Le Conseil fédéral est toutefois plus confiant. Il «part du principe» que les droits de douane pour la Suisse seront maintenus au niveau actuel de 10% même après l'expiration du délai - du moins tant que les discussions en vue d'un accord se poursuivent. Le gouvernement du pays n'a toutefois aucune garantie à ce sujet.

Qu'est-ce que cela signifie pour l'économie suisse?

Les droits de douane sont un poison ; l'économie suisse est orientée vers l'exportation et les États-Unis sont notre principal partenaire commercial depuis 2022. L'année dernière, les exportations suisses vers l'Amérique se sont élevées à 52,7 milliards de francs, soit une hausse de 7,9% par rapport à l'année précédente. Les droits de douane punitifs renchérissent massivement les affaires pour les PME et les grands groupes. Selon un sondage de l'association économique faîtière Economiesuisse, une entreprise suisse sur deux est «durement» touchée par la taxe américaine. Ainsi, le marteau douanier de Trump devrait freiner notre économie - avec des conséquences négatives pour les Suisses. L'avantage jusqu'à présent: la branche pharmaceutique, responsable d'environ la moitié de toutes les exportations suisses vers les Etats-Unis, n'est jusqu'à présent pas touchée par les droits de douane punitifs - mais cela pourrait encore changer.

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