«Je n'aime pas cette personne»
Le suspect de l'attaque contre Salman Rushdie plaide non coupable

Le suspect de l'attaque contre Salman Rushdie a plaidé jeudi non coupable de tentative de meurtre et d'agression devant un tribunal de Mayville, dans l'Etat de New York.
Publié: 18.08.2022 à 22:23 heures
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Dernière mise à jour: 28.09.2022 à 16:46 heures
Le suspect de l'attaque contre Salman Rushdie, Hadi Matar, au tribunal de Mayville, le 18 août 2022 dans l'Etat de New York
Photo: Angela Weiss

Hadi Matar, 24 ans, est accusé d'avoir poignardé Salman Rushdie, l'auteur des «Versets sataniques», lors d'une conférence vendredi dans la ville voisine de Chautauqua.

Arrêté immédiatement après les faits, le suspect avait déjà plaidé non coupable lors d'une audience de procédure samedi.

Tête baissée, masqué, menotté et habillé d'une tenue de prisonnier aux rayures noires et blanches, Hadi Matar s'est exprimé jeudi par la voix de son avocat.

Il risque jusqu'à 25 ans de prison pour tentative de meurtre et jusqu'à 7 ans pour agression. Le juge a choisi de le maintenir en détention, sans possibilité de libération sous caution.

Lors de la précédente audience, les procureurs avaient qualifié l'attaque de préméditée. Son avocat Nathaniel Barone a souligné jeudi que son client avait droit à un «procès équitable» et au respect de la «présomption d'innocence».

«Surpris»

Interrogé mercredi par le New York Post, qui affirme l'avoir contacté en prison, Hadi Matar s'est dit «surpris» que Salman Rushdie ait survécu à l'attaque.

L'auteur britannique de 75 ans, poignardé une dizaine de fois au cou et à l'abdomen et évacué en hélicoptère vers un hôpital, avait brièvement dû être placé sous respirateur avant que son état ne s'améliore.

Hadi Matar, 24 ans, n'a pas dit s'il avait été inspiré par la fatwa lancée par l'ayatollah Khomeiny en 1989 depuis l'Iran, appelant à la mort de l'écrivain, son livre «Les versets sataniques» ayant été jugé blasphématoire par le Guide suprême iranien.

Tout juste a-t-il expliqué au New York Post avoir «de l'estime pour l'ayatollah», quelqu'un de «remarquable». Quant à Salman Rushdie, Hadi Matar a affirmé qu'il n'était pas «un homme bien». «Je n'aime pas cette personne», a-t-il lancé.

«C'est quelqu'un qui a attaqué l'islam», a-t-il ajouté. En regardant des vidéos de l'auteur sur YouTube, il l'a trouvé «hypocrite». Hadi Matar était revenu «changé» et davantage religieux d'un voyage en 2018 au Liban, pays d'origine de sa famille, avait affirmé lundi sa mère au site internet du Daily Mail.

Protection policière

Salman Rushdie, né en 1947 en Inde dans une famille d'intellectuels musulmans non pratiquants, avait provoqué la colère d'une partie du monde musulman avec la publication en 1988 des «Versets sataniques», roman jugé par les plus rigoristes comme blasphématoire à l'égard du Coran et du prophète Mahomet.

L'ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique d'Iran, a émis en 1989 une fatwa appelant au meurtre de Salman Rushdie, qui a vécu des années sous protection policière.

La fatwa de l'ayatollah Khomeiny contre l'écrivain n'a jamais été levée et beaucoup de ses traducteurs ont subi des attaques.

Après trois jours de silence, l'Iran a nié lundi toute implication dans l'attaque, faisant porter la responsabilité à Salman Rushdie lui-même.

«Dans cette attaque, seuls Salman Rushdie et ses partisans mériteraient d'être blâmés et même condamnés», avait jugé Nasser Kanani, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. Salman Rushdie, qui s'était installé à New York depuis vingt ans, était devenu citoyen américain en 2016.

En dépit de la menace, il était apparu de plus en plus fréquemment en public, souvent sans escorte visible, tout en continuant de défendre dans ses livres la satire et l'irrévérence.

Lors d'un entretien donné au magazine allemand Stern quelques jours avant l'attaque de vendredi, il s'était dit «optimiste» et avait confié: «Depuis que je vis aux Etats-Unis, je n'ai plus de problèmes (...) Ma vie est de nouveau normale.»

Hadi Matar doit de nouveau comparaître devant la justice le 7 septembre.

(AFP)

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