Israël veut sa peau
Le guide suprême iranien Ali Khamenei est plus menacé que jamais

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré lundi que l'élimination du guide suprême iranien Ali Khamenei «mettrait fin au conflit». Au pouvoir depuis 35 ans, l'homme fort de la République islamique est désormais dos au mur.
Publié: 14:07 heures
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Dernière mise à jour: 14:54 heures
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Ali Khamenei est le chef religieux et politique de l'Iran depuis 1989. Son pouvoir est considérable.
Photo: IMAGO/APAimages
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Gabriel Knupfer

Dès le début de la guerre, vendredi 13 juin, Israël a éliminé plusieurs hauts commandants de l’armée iranienne. Mardi, le pays a également annoncé la mort du nouveau chef d’état-major iranien, seulement quatre jours après sa nomination. 

Selon des sources proches du gouvernement américain, le guide suprême Ali Khamenei figurait lui aussi sur la liste des cibles potentielles. Mais Donald Trump s’y serait opposé, rapporte l’agence Reuters. Le président américain craignait apparemment une escalade trop importante du conflit.

Lundi, ans, au micro de la chaîne américaine ABC News, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'a toutefois pas écarté l'idée d'assassiner d'Ali Khamenei. «Cela n'aggravera pas le conflit, cela mettra fin au conflit», a-t-il asséné. Aujourd'hui, l'homme qui tire les ficelles de l'Iran depuis plus de 35 ans semble donc plus que jamais menacé. Mais qui est-il vraiment?

Imposer le port du foulard par la force

Ali Khamenei est le «guide suprême» de la République islamique d’Iran depuis 1989. Il prend les rênes du pays à la suite du décès de l'ayatolah Rouhollah Khomeini, qui avait fondé le régime dix ans plus tôt, après la chute du chah.

A l’instar de son prédécesseur, il incarne une vision très conservatrice de l’islam chiite, qu’il impose avec fermeté, en faisant notamment appliquer par la force d'obligation du port du voile. En sa qualité de guide suprême, Ali Khamenei fixe les grandes orientations politiques et religieuses du pays.

S'il délègue en principe la gestion des affaires quotidiennes au président, son pouvoir réel demeure considérable. Il peut ainsi révoquer le chef de l’Etat à tout moment. De même, il contrôle en grande partie la composition du Conseil des gardiens de la Constitution, un organe-clé qui dispose d’un droit de veto sur toutes les lois et décisions du gouvernement.

Un pouvoir maintes fois contesté

Depuis l’arrivée au pouvoir d'Ali Khamenei, la population iranienne est descendue à plusieurs reprises dans la rue pour réclamer davantage de liberté et de droits pour les femmes. En 2022, la mort à seulement 23 ans de Mahsa Amini, victime de violences policières après son arrestation par la police des mœurs, a déclenché une vague de manifestations d’une ampleur inédite.

La répression a été brutale: des centaines de personnes ont été tuées par les forces de sécurité. De son côté, Ali Khamenei a qualifié ses mobilisations contre l’obligation du port du voile de «troubles» orchestrés, selon lui, par Israël et les Etats-Unis.

Sur le plan international, le guide suprême iranien a oeuvré à la construction d'un front commun contre Israël et l’Occident. Il a resserré les liens avec le régime de Bachar el-Assad en Syrie, les milices houthies au Yémen et le Hezbollah au Liban. L’Iran a également soutenu le Hamas palestinien dans sa lutte contre Israël. Ali Khamenei lui-même appelé publiquement, et à maintes reprises, à la destruction de l’Etat hébreu.

Alliance contre Israël et l'Occident

Mais depuis l’attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, ce que la propagande iranienne appelait «l’Axe de la résistance» s’est effondré. Israël a éliminé la majorité des chefs du Hamas et du Hezbollah, tandis que Bachar el-Assad a été renversé. A la suite des frappes menées contre l’Iran, Benjamin Netanyahu a réaffirmé sa volonté de «mettre fin à l’Axe de la terreur».

On ignore où se trouve Ali Khamenei depuis la mort de ses plus proches collaborateurs militaires. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos qui circulent semblent montrer des habitants de Téhéran crier «Mort au dictateur!» pendant que les bombes tombent. Ce slogan était déjà clamé à maintes reprises lors des manifestations de 2022.

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