Une Syrienne de 16 ans devenue phénomène mondial sur internet grâce à ses tweets décrivant l'enfer du siège d'Alep en 2016 a remporté mercredi le prix KidsRights pour son travail œuvrant pour les enfants touchés par la guerre.
Bana al-Abed, qui a été évacuée vers la Turquie en 2016 avec sa famille, est la lauréate de l'édition 2025 du Prix international de la Paix des enfants pour avoir «réuni des familles, rouvert des écoles et offert un espoir tangible aux enfants dans des zones de conflits comme Gaza, Soudan, l'Ukraine et la Syrie», a déclaré la fondation néerlandaise KidsRights. Parmi les précédents lauréats figurent la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, ou encore Malala Yousafzai, Prix Nobel de la paix.
«D'une voix qui ne connaît pas la peur, je demande à Bachar al-Assad (l'ancien président syrien), Benjamin Netanyahu (le Premier ministre israélien), Vladimir Poutine (le président russe), aux chefs de guerre soudanais et à tous les autres chefs de guerre à travers le monde: combien d'enfants ont vu leurs vies et leurs rêves volés par les guerres, par un régime qui tue ses citoyens au nom de la survie, par un criminel qui fait de la guerre un programme politique, par un empire qui justifie l'agression au nom de la sécurité, et par ceux qui ont fait de la violence une politique délibérée?», a déclaré Bana al-Abed dans son discours d'acceptation à l'hôtel de ville de Stockholm.
«Je veux changer le destin»
«Sachez-le: nous ne resterons pas silencieux face à ceux qui ont fait du sang un moyen de régner ou d'exercer le pouvoir», a-t-elle ajouté. Dans une interview avec l'AFP avant la cérémonie, Mlle al-Abed a dit que s'assurer que les enfants puissent aller à l'école même en temps de guerre était sa priorité absolue. «Il y a tant de choses que nous devrions essayer de faire pour aider les enfants, mais le plus important, c'est l'éducation», a-t-elle déclaré.
Depuis leur fuite du pays, elle n'est pas retournée en Syrie mais souhaite aider à reconstruire le pays et les écoles. «La Syrie a aujourd'hui besoin de l'aide de nombreuses personnes pour se reconstruire», a-t-elle expliqué, soulignant que l'état des salles de classes, par exemple, laisse à désirer. «Il n'y a rien. Les enfants sont obligés de s'asseoir par terre. Il fait froid. Il n'y a ni tableau blanc, ni livres, ni bureaux, ni matériel pédagogique.»
Bana al-Abed souhaite aussi continuer son travail visant à réunir les 5000 enfants syriens séparés de force de leur famille pendant la guerre et dont le sort reste inconnu. La jeune femme a participé à des conférences dans le monde entier, rendu visite à des enfants dans des camps de réfugiés en Turquie et en Jordanie et a déjà écrit deux livres.
Le fondateur de KidsRights, Marc Dullaert, a salué le «courage, la résilience et l'engagement indéfectible en faveur de la justice» d'al-Abed, soulignant que, malgré des «épreuves inimaginables», elle avait transformé son histoire en un «puissant outil de mobilisation». Comment voit-elle son avenir? «Je veux devenir une dirigeante influente pour changer le destin de ces enfants et (créer les conditions) pour qu'ils puissent vivre leur enfance», dit-elle.