Graz en état de choc après la tuerie
«Maman, maman, je cours pour sauver ma vie»

Une tuerie dans un lycée de Graz secoue l'Autriche. Un ancien élève a tué au moins onze personnes avant de se suicider mardi 10 juin. Le motif reste flou, tandis que le pays est plongé dans le deuil.
Publié: 11.06.2025 à 06:21 heures
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Dernière mise à jour: 11.06.2025 à 07:22 heures
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Mardi matin, une fusillade a eu lieu dans un lycée de Graz en Autriche.
Photo: AFP
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Martin Meul et Sandro Zulian

L’atmosphère est lourde au lycée de la Dreierschützengasse à Graz (BORG), en Styrie, lorsque Blick arrive mardi soir 10 juin sur les lieux de l’une des plus grandes tragédies que l’Autriche ait connues ces dernières années. D’un côté, une mer de fleurs et de bougies qui ne cesse de s’étendre recouvre le sol, témoignage poignant d’une peine que les mots ne peuvent exprimer. De l’autre, une foule de curieux s’est rassemblée. Tristesse, douleur et voyeurisme semblent se côtoyer de trop près à Graz.

Un élan de solidarité

Accrochée à la clôture, une grande banderole noire affiche: «Graz est unie.» Un message d’espoir dans ces heures si sombres. Devant, des journalistes s’activent, les faisceaux lumineux de leurs caméras illuminent la rue que traversent régulièrement des voitures. La scène semble irréelle. Mais l’horreur, elle, est bien réelle.

Une affiche sur le mur de l'école devrait apporter un peu de réconfort. «Graz est unie», peut-on y lire.
Photo: Anadolu via Getty Images

«Les élèves ici étaient si gentils», confie un riverain attristé à Blick. Il habite juste en face de l’entrée principale (désormais bouclée), mais n’était pas chez lui au moment des faits. «J'ai du mal à réaliser qu'au moins dix de ces jeunes ont perdu la vie.» Il lève les bras au ciel: «Où cela va-t-il encore nous mener?» L’acte cruel perpétré à Graz laisse derrière lui bien plus de questions que de réponses.

«Je cours pour sauver ma vie»

Mardi matin, peu avant 9h, l’horreur commence. Artur A.*, 21 ans, ancien élève du lycée BORG, ouvre le feu dans l’établissement. En quelques minutes, neuf personnes sont tuées, auxquelles s’ajoute le tireur. Douze autres sont blessées, certaines grièvement et la plupart des victimes sont très jeunes. La tuerie a duré 17 minutes... un laps de temps suffisant pour plonger tout un pays dans la stupeur. Le soir même, une autre victime succombe à ses blessures à l’hôpital. Le bilan actuel s’élève à onze morts.

Selon la police, tout a commencé vers 8h50 dans une salle de classe. Artur A. s’était procuré au préalable des armes qu’il a ensuite utilisées à l’intérieur du bâtiment. Il portait sur lui un pistolet et un fusil à pompe. Des témoins affirment l’avoir vu tirer au hasard dans les couloirs et les salles. Plusieurs élèves ont réussi à s’échapper. 

La mère d'une élève a décrit à «5min.at» l’appel déchirant de sa fille en pleine fuite: «Maman, maman, je cours pour sauver ma vie.» Elle confie au média autrichien: «C’était si terrible qu’on ne peut même pas l’imaginer.» Dans une interview à «Puls24», un père de deux élèves raconte des scènes tout aussi horribles. Un de ses fils se trouvait dans la salle où le tireur a ouvert le feu. Pour survivre, il s’est jeté au sol et a fait le mort. Ses enfants vont bien, assure le père, mais plusieurs de leurs camarades ont été blessés.

Des gens déposent des fleurs devant l'école.
Photo: AFP

Un mobile encore flou

On sait encore peu de choses sur le profil du tireur. Le ministre de l’Intérieur, Gerhard Karner, a confirmé dans l’après-midi qu’il s’agissait bien d’un ancien élève du BORG, qui n’avait toutefois pas terminé sa scolarité. Il n’était pas connu des services de police. Les armes utilisées étaient en sa possession de manière légale, il disposait d’un permis. Il a agi seul et s’est suicidé après la tuerie.

Lors d’une perquisition menée dans l’après-midi, la police a retrouvé une lettre d’adieu. Son contenu n’a pas été communiqué, mais la «Kronen Zeitung» rapporte qu’Artur A. y évoquait avoir été victime de harcèlement moral. Pour l’heure, le mobile reste incertain. Franz Ruf, directeur général de la sécurité publique, a déclaré à la chaîne ORF que la lettre ne donnait aucune indication claire sur les motivations du tireur.

«Une journée sombre»

Dans l’après-midi de mardi, les autorités et responsables politiques cherchent les mots pour décrire l’indescriptible. Le chancelier Christian Stocker déclare que «ce jour est une journée noire pour notre pays». L’Autriche est en état de choc. «Une école devrait être un lieu sûr. Que cet acte ait été commis précisément là me laisse sans voix.» 

Le pays observera trois jours de deuil national à partir de mercredi. Le gouverneur de Styrie, Mario Kunasek, ajoute: «La vie de nombreuses personnes, et pas seulement celles des victimes, a été bouleversée de manière tragique aujourd’hui.»

Hommage aux victimes

Mardi soir, un office religieux a eu lieu dans la cathédrale de Graz, en mémoire des victimes. Tandis que des unités de police lourdement armées assuraient la sécurité à l’extérieur, les habitants se recueillaient à l’intérieur. Le chancelier Christian Stocker et le vice-chancelier Andreas Babler étaient présents aux côtés des familles.

Mardi soir, une mer de lumière était allumée à Graz en mémoire des victimes.
Photo: AFP

Plus tard dans la soirée, plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées sur la place principale de Graz. Des bougies ont été allumées en hommage aux jeunes brutalement arrachés à la vie par Artur A. Une tristesse immense pouvait se lire sur les visages, surtout ceux des plus jeunes. Malgré tout, «Graz est unie.»

*Nom connu de la rédaction

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