Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de «génocide» la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir «le cœur brisé», dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien «La Repubblica».
«J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: 'génocide'. Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vues et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été, dit-il. Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire.»
«Ce qui se passe: un génocide»
«Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. 'Génocide'. C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance», ajoute David Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.
Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: «je me sens mal». «Mettre ensemble les mots 'Israël' et 'famine', le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur», poursuit David Grossman.
Solution à deux Etats
Allant à contre-courant du gouvernement israélien, David Grossman affirme rester «désespérément fidèle» à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, «principalement parce que je ne vois pas d'alternative», saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.
«Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël, dit-il. Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël.»