Va-t-il changer le titre de son nouveau livre, à paraître le 10 décembre? A priori non. Son «Journal d’un prisonnier» ne sera pas modifié, alors que son passif judiciaire, en revanche, vient de s’alourdir ce mercredi 26 novembre. Nicolas Sarkozy (70) vient, en effet d’être définitivement condamné une seconde fois. La Cour de cassation, devant laquelle il avait fait recours, a confirmé son jugement en appel dans l’affaire Bygmalion du financement de sa campagne présidentielle perdue de 2012. Il devra donc purger sa peine d’un an d’emprisonnement, dont six mois ferme, pour «financement illégal de campagne électorale».
Jusque-là, l’ancien président français a toujours entonné le même refrain, après les jugements. Il s’est toujours présenté comme une victime des magistrats, et il continue de proclamer son innocence dans tous les dossiers. Trois surclassent les autres:
1. L’affaire des «écoutes téléphoniques» pour laquelle la Cour de cassation a confirmé, le 18 décembre 2024, sa condamnation à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme sous bracelet électronique (il a déposé recours devant la Cour européenne des droits de l’homme).
2. L’affaire Bygmalion pour laquelle il est de nouveau définitivement condamné ce 26 novembre.
3. L’affaire des présumés fonds libyens de sa campagne de 2007, pour laquelle il a été condamné en première instance à cinq ans de prison ferme pour «association de malfaiteurs, avec exécution immédiate de sa peine.
Dernier jugement
C’est ce dernier jugement, prononcé le 25 septembre 2025, qui lui a valu une incarcération de vingt jours, du 21 octobre au 10 novembre, à la prison parisienne de la Santé. Une détention jugée scandaleuse par beaucoup, du fait que les juges avaient relaxé l’ancien président de trois autres chefs d’inculpation: corruption passive, détournement de fonds publics libyens et financement illicite de campagne électorale. Sauf que la décision de la Cour de cassation renvoie l’ancien chef de l’Etat à ses tourments.
Les investigations, dans l’affaire Bygmalion, ont révélé un système de double facturation destiné à masquer, en 2012, l’explosion des dépenses de la campagne du candidat Sarkozy. Elles avaient atteint près de 43 millions d’euros, pour un maximum autorisé de 22,5 millions. La question se pose donc aujourd’hui: si les comptes de 2012 n’étaient sincères, est-il impensable que des fonds libyens aient été utilisés en 2007 par Nicolas Sarkozy et son entourage pour être élu à la présidence de la République, même si la trace de cet argent n’a pas pu être prouvée?
L’autre parenthèse qui va se refermer, avec ce jugement, sur Nicolas Sarkozy, est celle de sa liberté sous contrôle judiciaire. Depuis le 10 novembre, l’ex Chef de l’Etat ne peut pas sortir du territoire, ni rencontrer le ministre de la Justice qui lui avait rendu visite en détention. Son procès en appel dans cette affaire est prévu du 16 mars au 3 juin 2026. La probabilité est donc grande qu’il doive, sous peu, accepter à nouveau le port d’un bracelet électronique, et qu’il porte ce dernier au début des audiences en appel, comme cela avait été le cas lors des premières semaines du procès des fonds libyens, entre février et mai 2025. Son «Journal d’un prisonnier» tiré de ses vingt jours et nuits à la prison de la Santé, risque donc d’être altéré par la réalité: en librairie, devant son public qui reste nombreux en France, l’ex chef de l’Etat pourrait se présenter avec un bracelet à sa cheville.
Et les juges? Tous contre Sarko? Depuis le jugement en première instance dans l’affaire des fonds libyens, les critiques pleuvent en France sur les magistrats. Or l’affaire Bygmalion confirme que les faits reprochés à Nicolas Sarkozy sont substantiels. Et que la procédure a normalement suivi son cours. Invité de Franceinfo le 21 octobre, le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, avait mis en garde contre «un risque d’obstacle à la sérénité et d’atteinte à l’indépendance des magistrats» et invoqué la nécessité «de préserver de toute influence l’intervention des magistrats dans un dossier aussi sensible».
La tempête Sarko contre la justice va-t-elle, désormais connaître une accalmie?