Référendums? Oui, mais...
Revenir à l'Elysée en 2032, pourquoi Macron ne dit pas non

Dans son intervention télévisée de près de trois heures mardi 13 mai, Emmanuel Macron n'a pas pris date pour les référendums qu'il affirme envisager. Et il a refusé de répondre sur une possible candidature en 2032. Sans toutefois l'écarter.
Publié: 06:03 heures
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Dernière mise à jour: 06:46 heures
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Le président français a, pendant près de trois heures, apporté ses réponses sur les défis de la France.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Facile. Après presque trois heures en direct sur TF1 mardi soir, Emmanuel Macron s’est contenté d’éluder la question. Envisage-t-il de se représenter à la présidence de la République en 2032, à l’issue du premier mandat de celui ou celle qui lui succédera en mai 2027 au palais de l’Elysée? «Quand j’aurai fini, je réfléchirai à la suite. Et à ce moment-là, je pourrais vous répondre. Mais aujourd’hui, je n’ai pas réfléchi» a-t-il répliqué. Vraiment?

La vérité est que tout, dans cette longue émission conçue comme un dialogue avec les Français puis avec des personnalités engagées (du maire de Béziers Robert Ménard, très mobilisé sur les questions de la sécurité, à l’activiste libérale Agnès Verdier-Molinié sur l’endettement record du pays), démontre l’envie d’Emmanuel Macron de poursuivre son action. 

Alors que faire? Comme la Constitution française lui interdit de briguer un troisième mandat consécutif, un retour en 2032 devient une hypothèse envisageable.

Un ou plusieurs référendums

Fait intéressant, cette hypothèse évoquée en fin d’émission sur le plateau de TF1 pourrait même être en adéquation avec l’organisation envisagée d’un ou plusieurs référendums d’ici à la fin de son second mandat, même si aucun rendez-vous n’a été pris.

Résumons: Emmanuel Macron, dont la popularité plafonne entre 28 et 30% d’opinions favorables dans les sondages, a besoin de se «refaire une santé» auprès des Français. Il doit à la fois leur démontrer qu’il ne s’occupe pas seulement de questions internationales et qu’il est prêt à défendre son bilan, tout en laissant une marque qui restera au-delà de son départ.

Réformes sociales

Un référendum sur des réformes sociales et économiques (mais pas sur les retraites), comme il l’a envisagée, en plus d’une consultation populaire possible sur la fin de vie, aurait dès lors l’avantage de le replacer au centre du débat. Y compris s’il était mis en minorité sur l’une ou l’autre des questions posées à ses compatriotes.

L’autre avantage de ces référendums en vue d’une possible candidature en 2032 est qu’ils obligeraient ses adversaires les plus zélés à se dévoiler. Comment Marine Le Pen ou Jordan Bardella, les deux candidats possibles du Rassemblement national à la présidentielle, réagiront face à une possible proposition de réduction de la dette publique, qui a explosé sous la présidence Macron? Comment Jean-Luc Mélenchon, le candidat probable de la gauche radicale, réagira-t-il aussi? Emmanuel Macron sait bien sûr qu’un référendum pourrait se retourner contre lui. Mais pourra-t-on vraiment lui reprocher d’avoir donné la parole aux Français?

La place à Bayrou

Un dernier élément, non dit, plaide pour cette hypothèse 2032. Cet élément se nomme François Bayrou. Le Premier ministre centriste affrontera ce mercredi 13 mai les questions des députés sur les violences scolaires et sexuelles perpétrées au sein de l’établissement scolaire privé catholique de Betharam, proche de Pau, la ville dont il est maire depuis 2014. Or même si leurs relations ne sont pas au beau fixe, Macron peut difficilement lâcher ce chef du gouvernement qui lui avait apporté un soutien électoral crucial en 2017.

Le calcul devient alors simple: Macron laisse Bayrou préparer, sans la soutenir, sa propre candidature présidentielle (il aura 75 ans en mai 2027). Tout en s’assurant que la place restera libre pour lui, dans le camp centriste, à l’échéance suivante.

Et Marine Le Pen?

Et si Marine Le Pen (ou Jordan Bardella) lui succédait en 2027? La réponse est contenue dans la question. Après avoir battu deux fois la candidate d’extrême-droite en 2017 et 2022, Emmanuel Macron est convaincu d’avoir la recette fatale pour lui faire mordre la poussière une troisième fois. Difficile de croire, dans ces conditions, que le président n’a «pas réfléchi» à 2032…

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