L’hebdomadaire «Valeurs Actuelles» l’annonce comme si c’était fait: Cyril Hanouna sera sur la liste de départ pour le marathon élyséen de 2027. Car il s’agit bien d’un marathon politique, pour lequel l’animateur de télévision se prépare. Il aurait, selon le magazine, déjà réfléchi à plusieurs mesures choc comme la création d’un «Guantanamo à la française», une prison hors de l’hexagone pour éloigner les criminels les plus endurcis et les étrangers illégaux frappés d’une obligation de quitter le territoire.
«Valeurs Actuelles» prétend donc tout savoir sur cette candidature, pour l’heure démentie par l’intéressé qui a promis de faire la lumière sur ses intentions dans son émission de radio sur Europe 1, la station où il officie depuis la fermeture de la chaîne C8 qui diffusait son «Touche pas à mon poste» quotidien, suivi par environ deux millions de téléspectateurs. Sauf que tout ce que dire Hanouna, pour conforter ou infirmer cette thèse présidentielle, bute sur 5 écueils.
Obstacle N° 1: Les 500 signatures
Il faut 500 signatures d’élus locaux et nationaux pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle française. En théorie, cela semble bien peu vu le nombre de communes (36 000) et les diverses instances composées d’élus qui peuvent apporter leur paraphe: conseils départementaux, conseils régionaux, Sénat, Assemblée nationale… Sauf que l’histoire a montré le contraire. Les noms des élus qui signent pour les candidats sont rendus publics par le Conseil constitutionnel. Ils s’exposent donc à des rétorsions. Or Hanouna sera un candidat très inflammable.
Obstacle N° 2: L’argent indispensable
Les dépenses de campagne sont strictement contrôlées en France par le Conseil constitutionnel, présidé depuis le 8 mars dernier par Richard Ferrand, un ancien député socialiste très proche d’Emmanuel Macron. Les montants autorisés? 16'851'000 euros pour chacun des candidats et candidates présents au premier tour de scrutin et 22'509'000 euros pour chacun des candidats et candidates présents au second tour. Il faut dès lors trouver cet argent, certes en partie remboursé par l’Etat. Mais il faut aussi le justifier. Collecte? Dons? Apport privé? Qui paiera pour «Baba», le surnom d’Hanouna.
Obstacle N° 3: L’absence de parti
Emmanuel Macron a démontré en 2017 que l’on pouvait être élu président de la République sans appartenir à un parti traditionnel, de gauche ou de droite. C’est en fait une légende, car l’intéressé était ministre sortant de l’Economie, après avoir été l’un des principaux collaborateurs du président François Hollande. Il venait de l’intérieur de la machinerie politique française, et il pouvait compter sur des factions ralliées à sa candidature au sein des grands partis. Cyril Hanouna se retrouvera en plus face à un écueil majeur: le Rassemblement national de Marine Le Pen, premier parti de France.
Obstacle N° 4: La notoriété télévisuelle
Les électeurs français sont-ils prêts à confier les rênes du pays et la dissuasion nucléaire à un bateleur potache et populiste, qui manie l’insulte et la grossièreté à l’écran? Pas sûr. On pense, évidemment, aux exemples du comique Beppe Grillo en Italie, fondateur du «Mouvement cinq étoiles», mais aussi au magnat des médias Silvio Berlusconi, qui fut à plusieurs reprises président du Conseil italien. On pense aussi à Donald Trump et à son passé dans la télé-réalité avec le show «The Apprentice». Une différence toutefois: le poids de l’Etat sous toutes ses formes en France. Le poids de la haute fonction publique (dont Macron est issu). Et la popularité très relative de Cyril Hanouna chez les décideurs.
Obstacle N° 5: Les milliardaires
Cyril Hanouna a un milliardaire dans sa poche: le Breton Vincent Bolloré, propriétaire de Vivendi, de Canal Plus et de la chaîne de débats CNews, première sur le créneau des chaînes d’information continue. Mais cela va-t-il suffire alors que d’autres magnats de l’économie française, comme le géant du luxe Bernard Arnault ou le géant des télécoms Xavier Niel, feront presque à coup sûr barrage? Cyril Hanouna est en plus un entrepreneur fragile. Sa réussite est très liée à sa notoriété. Veut-il accepter de tout risquer en politique? Peu probable.