Il devrait l'annoncer ce mardi
Avec son projet de référendum, Macron rejoue à pile ou face

Emmanuel Macron avait promis de consulter bientôt les Français lors de ses voeux du 31 décembre. Il pourrait passer à l'acte ce mardi 13 mai. Un retour aux urnes à haut risque, car les électeurs pourraient en profiter pour le sanctionner.
Publié: 05:33 heures
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Dernière mise à jour: 07:09 heures
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Emmanuel Macron est ces temps-ci omniprésent sur les questions internationales. Sa proposition de référendum l'obligera à revenir sur le devant de la scène.
Photo: IMAGO/ABACAPRESS
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Richard WerlyJournaliste Blick

Chose promise, chose due: Emmanuel Macron va peut-être, ce mardi 13 mai, démontrer à ses concitoyens qu’il n’a pas parlé en l’air lorsqu’il a proposé, lors de ses vœux du 31 décembre 2024, de leur donner cette année la parole.


Sauf changement inattendu, le clou de son intervention télévisée à TF1 prévue sur deux heures et demie sera l’annonce d’un projet de référendum, dont les modalités, le calendrier et le sujet sont encore flous. Les médias français évoquent depuis plusieurs jours un référendum à plusieurs questions, sur des sujets de société tels que la fin de vie, les rythmes scolaires, l’accès des plus jeunes aux écrans ou le retour possible du service national.

Référendum sur le budget?

Son Premier ministre, lui, a ouvert la porte à une consultation bien plus épineuse sur les finances publiques de la France. Avec, pour François Bayrou, l’idée de soumettre au verdict des urnes une trajectoire budgétaire vertueuse, qui obligerait les gouvernements prochains à réduire les déficits et l’endettement du pays

A ce stade, rien n’est acquis. Ni le type de référendum, ni les sujets abordés. Pour rappel, la procédure référendaire est, en France, bien plus encadrée et limitée qu’en Suisse, où la démocratie directe est un rituel politique incontournable. La Constitution française prévoit de consulter le peuple dans deux cas: soit pour réviser la loi fondamentale (art. 89), soit pour adopter une loi (art. 11). 

Sur proposition du gouvernement, le chef de l’Etat peut, dans ce second scénario, convoquer les électeurs «sur l’organisation des pouvoirs publics; sur des réformes concernant la politique économique, sociale ou environnementale du pays et les services publics qui y participent; ou bien sur la ratification d’un traité ayant des incidences sur le fonctionnement des institutions».

Moment de vérité

Va-t-on, enfin, vers ce moment de vérité que 83% des Français souhaitent selon un récent sondage de l’Institut Elabe? Si oui, il serait difficile de ne pas s’en féliciter. Cela fait des années que les enquêtes d’opinion démontrent leur envie de s’exprimer sur des sujets d’intérêts nationaux, en dehors de l’élection présidentielle ou des législatives.

La révolte des «Gilets Jaunes» durant l’hiver 2018-2019, avait aussi mis en avant la demande d’un «référendum d’initiative citoyenne» qui permettrait à la population de s’emparer d’un sujet et de le soumettre au vote après un nombre requis de signatures (il en faut au minimum quatre millions aujourd’hui, pour enclencher ensuite une procédure à l’Assemblée nationale et au Sénat qui doivent voter le texte dans les mêmes termes).

Cahiers de doléances

Emmanuel Macron, très actif ces temps-ci sur la scène internationale, a préparé le terrain en faisant publier le contenu des cahiers de doléances ouverts dans les mairies dans le cadre du Grand débat national qui avait suivi la crise des «Gilets Jaunes» et avait permis de l’éteindre. Ils sont désormais consultables par tous les citoyens, sous toutes les formes: contributions individuelles ou collectives, questionnaires remplis auprès des stands de proximité et comptes rendus des réunions d’initiative locale. 

20'000 cahiers de doléances avaient été remplis dans les mairies, mais aucune décision n’avait suivi cette mobilisation démocratique sans précédent. Cette fois pourrait-elle être la bonne, permettant à Emmanuel Macron de sortir la tête haute de son second mandat qui s’achèvera en mai 2027, après sa décision controversée et mal comprise de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin 2024?

Dissolution de tous les dangers

Ce soir-là, le chef de l’Etat français avait renversé la table électorale, après l’échec de son parti au scrutin européen. On connaît le résultat: des législatives anticipées marquées par un nouveau recul de son camp et par la percée du Rassemblement national (extrême droite), empêché de remporter la majorité absolue par les alliances de tous les autres partis au second tour. Une stratégie de «front républicain» contestée, qualifiée par le RN de «déni démocratique».

Le grand danger, pour Macron, est de voir ce référendum se transformer en vote pour ou contre lui, même s’il a plusieurs fois promis de ne pas démissionner avant la fin de son mandat. Quels que soient les sujets soumis au peuple, tous obligeront en effet son gouvernement à se prononcer. Plus compliqué encore: le recours au référendum, mettra son Premier ministre François Bayrou aux avant-postes. Or Macron, on le sait, n’aime guère les intermédiaires.

Pile ou face? Et après…

Pile ou face? C’est un peu le résumé de la situation politique actuelle en France. Pile, Macron donne la parole aux Français et repart en campagne, avec le chef du gouvernement, pour l’emporter dans les urnes. Face, le président cherche à prendre le plus de distance possible, en sachant que de toute manière, il sera dans le viseur des électeurs. Dans les deux cas, de toute façon, la fin de son second quinquennat sera au fond des urnes.

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