Et si les 49 millions d’électeurs français étaient conviés aux urnes dans les prochaines semaines pour élire une nouvelle Assemblée nationale? Que se passerait-il? Qui sortirait vainqueur de ces législatives anticipées, avant les élections municipales prévues en mars 2026, et l’élection présidentielle de mai 2027?
Nous avons posé cette question qui fâche au comptoir de l’Helvetix Café, le podcast de Blick qui raconte la France en version suisse. Autour de cette interrogation: la «peur du peuple» domine-t-elle dans les rangs des formations politiques affairées à négocier, tant bien que mal, le projet de budget français pour 2026, déjà qualifié de «budget Frankestein» par de nombreux observateurs?
Peur de retourner aux urnes. Peur de s’exposer à un vote sanction, alors que l’impopularité d’Emmanuel Macron est au plus haut. Jugez plutôt: 11% seulement d’opinions favorables pour le président de la République, dans le dernier sondage publié par Le Figaro Magazine. Une nuance toutefois: la cote du locataire de l’Elysée reste bonne chez 53% des Français proches d’Ensemble, la coalition centriste regroupant le MoDem, Horizons et Renaissance, le parti présidentiel.
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Peur du peuple: l’expression fait mal. Et deux partis l’entonnent comme un refrain, pour bien montrer qu’ils sont, eux, dans l’opposition.
Le Rassemblement national (droite nationale populiste) surfe sur la vague la plus forte puisque, selon les dernières enquêtes d’opinion, son candidat à la présidentielle récolterait autour de 35% des voix. 34% pour Marine Le Pen, mais jusqu’à 37,5% pour Jordan Bardella, souvent cité dans les médias pour son nouveau livre «Ce que veulent les Français» (Ed. Robert Laffont)! Aux législatives? Comme lors du précédent scrutin en juillet 2024, le RN et ses alliés sortiraient toujours largement en tête du premier tour. Les troupes nationalistes recueilleraient même cette fois-ci 35% à 36% des voix, avec 11 à 17 points d’avance sur le deuxième. En ligne de mire: une possible majorité absolue de députés!
Le second parti à réclamer des élections anticipées, présidentielles et législatives, est La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon. Avec cette question: l’Union de la gauche – le fameux Nouveau Front populaire de 2024 – est-elle morte ou peut-elle encore ressusciter? L’IFOP a une partie de la réponse. Si LFI se présentait seule face à une Union PS – PCF – PP – Les Ecologistes, l’Union serait créditée de 19% et LFI de 8%. L’intérêt évident des forces de gauche est donc de s’unir. Mais la figure du tribun Mélenchon divise. Au point que ce dernier est désormais talonné dans les sondages par le social-démocrate proeuropéen Raphaël Glucksmann, tous deux crédités de 11 à 13% des voix.
Peur du peuple? Les partis qui bataillent ces jours-ci à l’Assemblée nationale sur le projet de budget 2026 nient, bien sûr, avoir peur d’un scrutin anticipé. C’est le cas pour la droite traditionnelle (LR) et pour les socialistes (PS). Un homme, en tout cas, sait que son destin serait scellé si les Français revotent: le très fragile Premier ministre Sébastien Lecornu. Le camp macroniste, dont il est aujourd’hui le leader de facto, serait décimé lors d’un nouveau vote, selon tous les sondages.
Helvétix Café est un podcast de Blick produit par Richard Werly, avec Catherine Schwaab, Fabrice Le Quintrec et François Garçon.