Premiers ministres potentiels
Ces candidats qui croient pouvoir sauver la France du chaos

Ils sont sur la ligne de départ pour succéder à François Bayrou. Officiellement ou officieusement, ils sont aussi dans les cartons d'Emmanuel Macron, qui a promis de désigner un nouveau Premier ministre «dans les prochains jours». Mais peuvent-ils empêcher le chaos?
Publié: 05:47 heures
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Dernière mise à jour: 09:06 heures
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François Bayrou a été sèchement renvoyé par les députés français ce lundi 8 septembre: 364 ont voté contre sur 577.
Photo: IMAGO/Bestimage
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ils y croient. Ou du moins leur entourage le laisse entendre. Maintenant que la démission de François Bayrou est actée, après le vote de défiance massif contre lui à l’Assemblée nationale lundi 8 septembre (364 députés ont voté contre sur 577), ses possibles successeurs s’agitent. Emmanuel Macron a promis de nommer un nouveau Premier ministre «dans les prochains jours». Ces candidats pensent-ils vraiment pouvoir gouverner et sauver la France?

Les premiers à se positionner sont ceux dont les noms ont déjà été souvent cités. Ils sont aux avant-postes de la course à l’Hôtel Matignon avec une seule carte en main: la confiance d’Emmanuel Macron qui les croit capables de trouver les compromis indispensables pour faire voter le budget 2026. Mais aussi pour éviter de détricoter son bilan présidentiel, centré sur l’attractivité économique de la France.

Darmanin, le mieux placé

Les mieux placés, dans ce groupe, sont le ministre de la Justice Gérald Darmanin, celui de la Défense Sébastien Lecornu, et la ministre du Travail Catherine Vautrin. Le premier, élu de Tourcoing, une ville populaire du nord de la France, a l’avantage d’avoir été ministre de l’Intérieur, de venir d’un milieu modeste (père cafetier, mère femme de ménage) et d’avoir comme second prénom Moussa, ce qui le rend moins vulnérable aux attaques sur le dossier de l’immigration. Problème: ces trois ministres sont tous considérés proches du président, considérés par une majorité de députés comme LE responsable de la crise actuelle. Pas simple dans ces conditions de constituer une coalition allant de la droite sociale aux socialistes autour de leur personne et d'un programme, même à minima.

Les seconds sont des personnalités proches du parti Socialiste, dont les 66 députés sont indispensables pour éviter une nouvelle chute du prochain gouvernement. Après avoir fait tomber Bayrou, le PS peut offrir le répit politique espéré en votant pour le nouveau Premier ministre, ou en passant avec lui un accord de non-censure. Le coup de barre à gauche serait selon eux justifié, après le refus de concéder la tête du gouvernement au Nouveau Front Populaire, arrivé de justesse en tête aux législatives anticipées de juin 2024. Les trois derniers premier Ministres venaient tous du centre-droit: Gabriel Attal (resté jusqu'en septembre), Michel Barnier (5 septembre-4 décembre 2024) et François Bayrou (13 décembre 2024-8 septembre 2025). Tous ont échoué.

Mission: négocier un budget

Parmi les plus souvent cités figurent le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, le ministre des Finances sortant Eric Lombard, l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve ou l'ex-ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Leur mission unique sera de négocier un projet de budget qui comportera moins d’économies que les 44 milliards d’euros prévus par Bayrou, tout en restant crédible pour la Commission européenne et les créanciers internationaux de la France. Une taxation des plus riches sera sans doute au programme, au nom de l'égalité. Problème: le PS réclame toujours l’abrogation de la réforme des retraites d’avril 2023. Or celle-ci entraînerait le départ de la droite et des macronistes du gouvernement.

Troisième groupe, les personnalités aujourd’hui indépendantes, ou suffisamment crédibles pour être capables d’obtenir un «cessez-le-feu» parlementaire d’une majorité de députés. Parmi ceux-là figurent l’ancien ministre Jean-Louis Borloo, le président de la région Nord Xavier Bertrand (dont le point faible est d'être détesté par le Rassemblement national, premier groupe parlementaire), l’ancien Commissaire européen Thierry Breton, ou le rapporteur du budget Charles de Courson, tous classés à droite. Emmanuel Macron pourrait aussi sortir de son chapeau un haut fonctionnaire, comme il l’avait fait avec Jean Castex en 2020. Certains parient d'ailleurs sur le retour de celui-ci, aujourd'hui à la tête des transports parisiens.

L’avantage de ce profil est qu’un Premier ministre indépendant aurait beaucoup moins à perdre. Il incarnerait l’intérêt général. Son profil se rapprocherait d’un chef de gouvernement «technique». Mais attention, pas sûr que cela convienne à Emmanuel Macron, ce président qui veut toujours tout contrôler, ne veut pas dissoudre l'Assemblée et répète qu'il ne démissionnera pas avant la fin de son second mandat, en mai 2027.

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