Crise politique, risque social
La grande peur du blocage total s'abat sur la France

Si l'appel à tout bloquer lancé ce 10 septembre par des collectifs anti-austérité parvient à paralyser le pays, le nouveau Premier ministre se retrouvera déjà le dos au mur.
Publié: 08:45 heures
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Dernière mise à jour: il y a 9 minutes
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Des actions de blocage ont commencé dans la nuit autour de plusieurs grandes villes françaises.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ils ont promis de «tout bloquer» ce mercredi 10 septembre. Ils ont le soutien de La France Insoumise, le parti de gauche radicale emmené par Jean-Luc Mélenchon. Ils n’obéissent pas aux syndicats qui, eux, ont lancé un appel à la grève pour le 18 septembre. Ils? Des collectifs mobilisés contre l’austérité et les économies budgétaires proposées par l’ex-premier ministre François Bayrou, forcé à la démission mardi 9 septembre par un vote de défiance massif de l’Assemblée nationale (364 députés contre sur 577).

Ces collectifs n’ont pas d’identité. Ils sont souvent composés de groupuscules d’extrême-gauche, pour qui le départ d’Emmanuel Macron demeure l’objectif principal. Certains de ces groupes sont composés d’anciens «Gilets jaunes» qui avaient battu le pavé et mis la France à l’arrêt durant l’hiver 2018-2019. Leur mot d’ordre n’est pas de manifester ou de protester en bon ordre. Il s’agit pour eux de tout bloquer, comme le font les collectifs controversés «Extinction Rebellion» au nom de la défense de l’environnement et du climat.

Une France en panne?

Le plus probable ce mercredi? Des actions surprises dans les grandes métropoles, là où bat le cœur économique du pays, mais aussi sur les autoroutes ou sur les lignes ferroviaires. Le mouvement «Bloquons tout» a-t-il les moyens de mettre la France en panne? A priori non. Mais un risque inquiète au sommet de l’Etat, en pleine transition politique après la nomination mardi soir 9 septembre d’un nouveau chef du gouvernement, le ministre sortant des Armées Sébastien Lecornu: celui d’une guérilla sociale qui s’installerait jusqu’à la journée de grève des syndicats le 18 septembre.

C’est pour parer à ce risque qu’Emmanuel Macron a accéléré le remplacement de François Bayrou. Pour l’heure toutefois, tous les ministres demeurent en place pour gérer les «affaires courantes». Avec, à la tête du ministère de l’Intérieur, le chef de la droite traditionnelle Bruno Retailleau, président du parti «Les Républicains».

Le test du 10 septembre

Cette journée sera un test. Si le calme prévaut, et que la passation de pouvoir à l’Hôtel Matignon, siège du premier ministre, se déroule sans encombres, le président de la République pourra respirer. Sa feuille de route donnée au nouveau chef du gouvernement est claire: celui-ci doit consulter l’ensemble des formations politiques avant de composer une nouvelle équipe.

Cela veut dire clairement que la France, enfin, pourrait être gouvernée par un gouvernement de coalition sur la base d’un contrat afin de faire adopter son budget 2026. Ironie absolue: le chef de l’Etat n’a pas choisi pour y parvenir le patron d’une formation politique, comme cela se fait dans les autres pays européens, mais l’un de ses plus proches. C’est là son talon d’Achille: Emmanuel Macron, rejeté par 60 à 75% des Français selon les sondages, veut à tout prix rester au centre du jeu. Il prend de ce fait tous les risques face à l’éventuel blocage social.

L’armée à la rescousse?

Une rumeur risque d’être alimenté par la promotion de l’ancien ministre de la Défense à la tête du pays: celle d’un éventuel déploiement de l’armée pour ramener le calme. Cette rumeur a été distillée par les collectifs «Bloquons tout» qui accusent Emmanuel Macron de préparer l’état d’urgence. Jean-Luc Mélenchon, le patron de la gauche radicale, surfe sur la même idée d’un président devenu illégitime, qui doit quitter ses fonctions avant la fin de son second mandat en mai 2027.

Sérieux? Non. Rien ne permet de dire que Macron veut déployer l’armée si le pays et rudement secoué sur le plan social. Mais il est évident qu’un autre front s’ouvrirait alors: celui de la réputation financière de la France, dont la dette publique atteint le chiffre record de 3415 milliards d’euros, soit près de 120% de son produit intérieur brut. Le 12 septembre, l’agence de notation Fitch doit se prononcer. Ce sera le premier coup de gong. Si le pays est bloqué d’ici là, et que le gouvernement intérimaire apparaît débordé, l’automne politique et social ressemblera à un long tunnel sans issue apparente…

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