En plus des déplacés à l'intérieur du pays
L'ONU s'attend à un demi-million de réfugiés afghans supplémentaires d'ici décembre

L'ONU s'attend dans le pire scénario à 515'000 réfugiés afghans supplémentaires dans la région d'ici la fin de l'année après la prise de pouvoir des talibans. Elle a demandé vendredi à Genève 299 millions de dollars (274 millions de francs) pour anticiper l'aide.
Publié: 27.08.2021 à 15:27 heures
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Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) veut anticiper les possibles arrivées de centaines de milliers de réfugiés afghans dans les pays de la région. Ici, des migrants afghans en Turquie, en juillet 2021.
Photo: DUKAS

Après la prise de pouvoir des talibans, l'ONU a fait ses calculs. Dans le pire scénario à 515'000 réfugiés afghans sont attendus. Ces personnes vont venir s'ajouter à près de 2,3 millions d'Afghans déjà enregistrés dans d'autres pays, dont deux tiers au Pakistan. Et à 3 millions, selon les estimations du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), présents depuis des décennies en Iran et au Pakistan sans être clairement identifiés.

«Nous n'avons pas vu de fuites massives» pour le moment, a affirmé à la presse la Haute commissaire adjointe pour les réfugiés Kelly Clements, mais l'ONU doit anticiper les scénarios. «L'urgence humanitaire est à l'intérieur de l'Afghanistan», alors que quelques milliers de personnes se rendent chaque jour en Iran et que la frontière avec le Pakistan reste fluide.

Mais le HCR réitère son appel aux pays voisins de laisser leur territoire ouvert. La situation «change chaque jour» et même parfois «chaque heure», selon Kelly Clements.

Financement régional demandé

Le financement régional demandé par une dizaine d'agences onusiennes et leurs partenaires veut anticiper l'aide à l'ensemble des réfugiés dans la région. Il comprend également les préparatifs depuis début juillet pour anticiper les effets du retrait américain.

Il est prévu pour «planifier» l'aide aux réfugiés et aux communautés d'accueil dans les cinq principaux pays d'accueil dans la région. En raison de la situation difficile liée au coronavirus, les composantes sanitaires du dispositif sont «inhabituellement» importantes, selon Kelly Clements.

Le possible afflux prévu demande «bien davantage» de réinstallations vers des pays tiers, notamment en Europe. Le Haut commissaire Filippo Grandi a rencontré jeudi dans ce contexte la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Également un demi-million de déplacés internes

Outre les réfugiés, près de 560'000 personnes ont été déplacées depuis début janvier à l'intérieur de l'Afghanistan. Ce chiffre devrait également augmenter dans les prochains mois, selon l'ONU.

«Il est temps de garantir que nous puissions tous faire ce que nous pouvons pour soutenir l'Afghanistan et sa population, y compris ceux qui sont contraints de fuir», affirme également Mme Clements.

Au total, l'ONU est active dans près de deux tiers des régions d'Afghanistan. Mais dans certaines zones, les possibilités «ont été réduites dans les récentes semaines». Malgré tout, l'assistance humanitaire, dont les besoins augmentent, n'a jamais été interrompue. Elle durera aussi longtemps que l'ONU pourra être active dans le pays, alors que 8 millions de personnes ont été aidées depuis le début de l'année.

Au coronavirus et à la sécheresse sont venus ajouter les récentes violences. La moitié des enfants de moins de 5 ans font face à une malnutrition aiguë, a précisé une responsable du Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). Et un tiers des Afghans sont dans une situation alimentaire difficile. Pour cette année, l'ONU avait demandé 1,3 milliard de dollars pour l'aide dans le pays. Seuls 500 millions ont été reçus.

(ATS)

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