Se moquer de la tentative d'assassinat de Donald Trump peut-il valoir une sanction pénale? Après un vif débat, la justice allemande a relaxé mercredi l'un des humoristes les plus en vue du pays plaidant le droit à la satire.
C'est un court message, publié sur son compte X il y a un an, qui a valu au stand-upper Sebastian Hotz, connu sous le pseudonyme «El Hotzo», de comparaître devant un tribunal berlinois pour «incitation à la haine».
Commentant la tentative d'assassinat dont Donald Trump, alors candidat républicain à l'élection présidentielle, venait d'être victime le 13 juillet 2024, lors d'un meeting en Pennsylvanie, le jeune homme de 29 ans avait tenté un bon mot.
Interpellant ses plus de 700'000 abonnés sur le point commun entre «le dernier bus» et Donald Trump, il avait apporté cette réponse: «malheureusement loupé de peu». Dans le message suivant, il avait dit trouver «absolument fantastique que les fascistes meurent».
Plus de cinquante plaintes déposées
Malgré avoir supprimé ses contenus dans le quart d'heure, le satiriste a fait l'objet d'une cinquantaine de plaintes soutenues par le parquet qui a estimé que ces messages étaient de nature à troubler l'ordre public, particulièrement dans un contexte de montée des violences contre les représentants politiques.
«En Allemagne, on peut penser tout ce qu'on veut et dire beaucoup de choses, mais on ne peut pas tout dire», a affirmé le procureur Marc-Alexander Liebig à l'audience, requérant une amende de 6000 euros. Le tribunal n'a pas été convaincu par l'argumentation du ministère public, jugeant que des propos «clairement satiriques» n'étaient pas susceptibles d'inciter à la haine.
Dans une démocratie libérale, il est souhaitable «que l'on puisse débattre des opinions bonnes ou mauvaises», a ajouté la juge à propos de la controverse qui a suivi. «C'est mon droit de parfois dépasser les bornes et de ne pas faire mouche à chaque fois», s'était défendu «El Hotzo», soutenant que «même les blagues de mauvais goût et les mauvaises blagues devraient être exemptées de sanctions, sinon la justice serait rapidement débordée».
«L'Allemagne est connue pour deux choses: son mauvais humour et les fascistes», avait-il déclaré à l'audience, expliquant que «sa mission était de lutter contre ces deux fléaux». Le 13 juillet 2024, en plein meeting, un jeune homme avait tiré sur Donald Trump, le blessant à l'oreille, tuant un sympathisant présent dans les gradins et en blessant deux autres.