La peur gagne Tel-Aviv
«Je suis inquiète pour mes enfants, on ne peut rien faire»

Les rues de Tel-Aviv sont moins fréquentées suite à l'attaque massive d'Israël contre l'Iran. Les habitants expriment leur inquiétude et leur sentiment d'impuissance face aux décisions du gouvernement, tandis que certains approuvent l'opération militaire.
Publié: 13.06.2025 à 15:52 heures
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Des gens font leurs courses dans un supermarché, tandis qu'Israël se prépare à la riposte iranienne à la frappe israélienne du 13 juin 2025 à Tel Aviv.
Photo: Getty Images
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AFP Agence France-Presse

Inquiétude, sentiment d'impuissance face aux décisions du gouvernement, approbation: dans les rues de Tel-Aviv, beaucoup moins fréquentées que d'habitude, des habitants font part de ressentis divergents après l'attaque massive lancée par l'armée israélienne contre l'Iran.

Réveillée en plein sommeil, Vered Saar raconte à l'AFP avoir immédiatement appelé ses enfants quand son téléphone a commencé à émettre une alerte d'extrême urgence.

«C'était très effrayant (...), je n'ai pas pu me rendormir, c'est désagréable», dit cette pâtissière de 54 ans, affirmant redouter «l'incertitude, la possibilité qu'il y ait beaucoup de blessés, du chaos». «Je suis inquiète pour mes enfants, et aussi pour mes moyens de subsistance, car cela affecte le marché. On ne peut pas travailler, on ne peut rien faire», déplore-t-elle.

En prévision d'une riposte de l'Iran, les autorités israéliennes ont ordonné tôt le matin aux citoyens de rester à proximité d'abris. Plus tard, l'armée a confirmé que l'Iran avait lancé en représailles une centaine de drones en direction du territoire israélien, qui ont été interceptés avant de l'«atteindre, selon l'armée. Dans l'après-midi, le Commandement du front intérieur israélien (Défense passive) a levé les restrictions de mouvements, mais dans le nord du pays, les sirènes d'alerte ont à nouveau retenti.

Des habitants font part à l'AFP d'un certain épuisement et d'un profond sentiment de malaise. Or Hasson, maître de conférences à l'université, dit éprouver le «sentiment que nous avons un gouvernement qui joue avec nos vies et celles des autres». «Nous avons l'impression de ne pouvoir compter sur personne», ajoute cet homme de 45 ans.

L'Iran a qualifié de «déclaration de guerre» l'attaque massive d'Israël sur son territoire, et menacé de la «faire regretter» à son ennemi juré, par la voix de son président, Massoud Pezeshkian. Les dirigeants israéliens justifient l'opération par une menace existentielle de l'Iran pour l'Etat hébreu, en raison de son intention de se doter de la bombe atomique, ce que Téhéran nie.

«Nous sommes inquiets, bien sûr, fatigués», confie Or Hasson. «La seule chose certaine est l'incertitude. Et nous adaptons notre mode de vie en fonction des changements, ce qui est à la fois épuisant et démoralisant».

Certains habitants saluent au contraire les frappes auprès de l'AFP, estimant qu'elles sont dans l'intérêt du pays. «Par principe, je pense que c'est une bonne idée», dit Alex, un ouvrier du bâtiment de 48 ans, qui ne donne que son prénom.

«L'Iran n'est pas un très bon élève dans le monde, pour ainsi dire, et le programme nucléaire est manifestement un problème (...) je pense qu'il fallait le faire à un moment ou à un autre», ajoute-t-il, alors que les dirigeants israéliens ont prévenu que l'opération militaire était appelée à durer des jours. Quant aux menaces iraniennes de riposte, elles ne l'inquiètent pas: «c'est assez loin, et je doute qu'ils soient capables (...) Ils ont déjà essayé mais n'ont pas réussi à faire grand-chose», ajoute-t-il.

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