L’offensive israélienne contre l’Iran a entraîné une flambée des prix du pétrole à l’échelle mondiale. En l’espace d’une journée, le baril de Brent a enregistré sa plus forte hausse depuis la pandémie de Covid-19, franchissant le seuil des 75 dollars.
Les cours se sont depuis stabilisés à ce niveau, marquant une hausse d’environ 14% par rapport à la semaine précédente. Mais une nouvelle menace pèse déjà: Téhéran brandit la possibilité de fermer le détroit d’Ormuz. Cette étroite voie maritime, située entre l’Iran et la péninsule Arabique, voit transiter près d’un tiers du pétrole mondial transporté par voie maritime.
La fermeture du détroit d’Ormuz, un scénario cauchemardesque
«Le détroit d’Ormuz n’a jamais été fermé à l’époque moderne, et j’espère sincèrement que l’Iran n’ira pas jusqu’à exécuter sa menace», déclare Michael Knobel, responsable de la chaîne de stations-service Etzelpark. Selon lui, environ 17 millions de barils y transitent chaque jour. C’est trois fois plus que les volumes que l’Europe importait encore de Russie il y a trois ans, avant les sanctions imposées en réponse à l’invasion de l’Ukraine.
Les conséquences d’un tel scénario seraient bien plus lourdes que celles des précédentes crises. «À l’époque des sanctions contre la Russie, le prix d’achat avait grimpé de 30 centimes en seulement deux semaines, et il avait continué à augmenter jusqu’à ce qu’on atteigne plus de 2 francs supplémentaires par baril», rappelle Michael Knobel. Si le détroit d’Ormuz venait à être bloqué, l’impact serait encore plus dramatique.
L’entrepreneur ne souhaite pas jouer les alarmistes et reste convaincu que l’on n’en arrivera pas là. Mais il reconnaît que les prix pourraient grimper dans tous les cas. «Le marché pétrolier est dominé par des spéculateurs et des acteurs qui se couvrent contre les risques, et cette incertitude massive vient tout juste d’être déclenchée», explique-t-il.
Faire le plein avant qu’il ne soit trop tard
Concrètement, cela signifie que les prix ne vont peut-être pas exploser dans l’immédiat, mais ils ne redescendront pas de sitôt non plus. La hausse déjà amorcée devrait se répercuter d’ici la semaine prochaine. Michael Knobel, réputé pour sa politique de prix équitables, souhaite retarder autant que possible cette hausse pour ses clients, même s'il ne pourra pas l’éviter indéfiniment.
Son conseil: «Je ferais encore le plein maintenant, dès que je vois un tarif intéressant à la pompe. Pas pour en tirer un quelconque profit personnel, précise-t-il, mais parce que la situation l’exige.»
Une chose est sûre: l’Iran ne bloquera pas le détroit d’Ormuz à la légère. Une telle action constituerait une grave violation du droit maritime international et déclencherait une crise économique mondiale. L’Europe, en difficulté, aurait alors bien du mal à maintenir l’embargo sur le pétrole russe. Mais au vu du contexte géopolitique actuel, aucun scénario ne peut être totalement exclu.