Vladimir Poutine doit s'exprimer vendredi devant les troupes russes et les dirigeants d'une vingtaine de pays rassemblés sur la place Rouge à Moscou pour les 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie, un événement commémoré pour la quatrième année consécutive dans l'ombre du conflit en Ukraine.
Tension extrême sur le front ukrainien
Cette année, le président russe a ordonné à ses soldats d'observer un cessez-le-feu en Ukraine du 8 au 10 mai, à l'occasion de ces célébrations qui seront couronnées, comme chaque année, par un grand défilé militaire sous les murs du Kremlin. Mais l'Ukraine, qui fait face depuis 2022 à une offensive de grande ampleur, a accusé jeudi l'armée russe d'attaquer sur toute la ligne de front, évoquant des centaines de violations de la trêve.
Les forces russes ont assuré, elles, «respecter strictement» le cessez-le-feu, affirmant simplement «répondre» à des violations ukrainiennes. Le président américain Donald Trump a appelé jeudi soir les deux pays à un «cessez-le-feu inconditionnel» de 30 jours.
Depuis mardi, Moscou et Kiev ont continué leurs frappes aériennes croisées, entraînant en Russie le retard ou l'annulation de centaines de vols à cause d'attaques de drones ukrainiens. Le Kremlin a dit prendre «toutes les mesures nécessaires» pour assurer la sécurité des célébrations, y compris en limitant l'accès à internet pour contrecarrer les attaques de drones.
Une vingtaine de dirigeants attendus
Les dirigeants d'une vingtaine de nations doivent se tenir aux côtés de Vladimir Poutine, dont les présidents chinois Xi Jinping et brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, ainsi que ceux de pays traditionnellement alliés à la Russie tels que le Kazakhstan, le Bélarus, le Vietnam, l'Arménie, Cuba et le Venezuela.
Jeudi, Vladimir Poutine et son homologue chinois ont déjà affiché leur entente face un Occident présenté comme «hégémonique», lors d'une rencontre au Kremlin précédant les commémorations. La Chine est accusée d'aider la Russie à contourner les sanctions occidentales, voire de lui fournir des armes, comme l'a récemment affirmé Kiev, ce que dément Pékin.
Malgré la politique d'isolement prônée par les Occidentaux, le Premier ministre slovaque Robert Fico – défiant les injonctions de Bruxelles – et le chef de l'Etat serbe Aleksandar Vucic sont également annoncés, de même que le président des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, recherché par la justice bosnienne.
Hormis les dirigeants, des soldats de 13 pays doivent prendre part à la grande parade sur la place Rouge, dont ceux de la Chine, du Vietnam, de la Birmanie et de l'Egypte.
Le nazisme, au cœur de la propagande russe
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui qualifié la parade militaire prévue à Moscou de défilé «de mensonges». Les autorités russes ont promis cette année des cérémonies d'une ampleur inédite pour le 9-Mai, la principale grand-messe patriotique en Russie et dans d'autres ex-républiques soviétiques.
Depuis plusieurs jours, les rues de la capitale russe sont pavoisées aux couleurs nationales et l'immense majorité des commerces et des restaurants ont placardé des affiches appelant à «se souvenir» de la victoire de 1945 et à se montrer «fiers».
Ces trois dernières années, Vladimir Poutine a souvent renvoyé à la mémoire de la victoire sur l'Allemagne nazie pour défendre l'offensive militaire contre l'Ukraine, la Russie assurant vouloir «dénazifier» ce pays voisin dont elle occupe toujours environ 20% du territoire.
La Seconde Guerre mondiale, qui a fait plus de 20 millions de morts en URSS et réclamé des sacrifices inouïs à la population, a causé un traumatisme qui se ressent toujours au sein de la société et qui a nourri un patriotisme exploité par le président russe.