Cohabitation difficile avec Donald Tusk
L'historien conservateur Karol Nawrocki investi président de la Pologne

L'historien conservateur Karol Nawrocki sera investi président de la Pologne mercredi. Son élection présage une cohabitation difficile avec le gouvernement pro-européen de Donald Tusk, promettant une période de compétition et de confrontation politique.
Publié: 08:24 heures
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L'historien conservateur Karol Nawrocki sera investi président de la Pologne ce mercredi.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

L'historien conservateur Karol Nawrocki doit être investi mercredi nouveau président de la Pologne, ses déclarations présageant une cohabitation difficile avec le gouvernement pro-européen de Donald Tusk.

Dans la matinée, le nouveau chef de l'Etat prêtera serment devant les deux chambres du Parlement réunies pour une session extraordinaire, puis prononcera son discours d'investiture.

Devant le pro-européen

Dans la journée, il participera à une série de cérémonies, dont une messe pour la patrie et le président de la Pologne. Plusieurs manifestations en son soutien, organisées par la droite, doivent se dérouler dans la journée à Varsovie. Karol Nawrocki, un historien de formation soutenu par le principal parti d'opposition, Droit et Justice (PiS, nationaliste), a remporté à une courte majorité le scrutin présidentiel du 1er juin.

Il a battu le pro-européen Rafal Trzaskowski, un revers grave pour la coalition pro-UE en place depuis bientôt deux ans, et qui confirme la forte polarisation politique dans ce pays membre de l'Otan et de l'UE, voisin et grand soutien de l'Ukraine face à l'agression russe.

Compétition et confrontation

Elu pour un mandat de cinq ans, le chef de l'Etat exerce en Pologne principalement une influence sur la politique étrangère et de défense – il est le chef des forces armées –, mais dispose aussi du droit à des initiatives législatives et au véto sur les textes adoptés au Parlement.

Karol Nawrocki remplace à la présidence le conservateur Andrzej Duda, arrivé au terme de son deuxième mandat, avec qui le gouvernement pro-UE était déjà en désaccord sur nombre de sujets aussi importants que le respect de l'Etat de droit ou la libéralisation de l'avortement. La nouvelle cohabitation balancera entre compétition et confrontation, estiment les analystes, et les principaux acteurs en sont parfaitement conscients, à deux ans des prochaines élections législatives.

«Le pire de l'histoire»

«Je ne doute pas que Karol Nawrocki (...) fera tout pour nous taquiner», a déclaré le Premier ministre Donald Tusk. Et de prévenir qu'il ne le laisserait pas «démolir politiquement» son gouvernement de coalition quadripartite, parfois turbulente. De son côté, Karol Nawrocki a à plusieurs reprises dit considérer le gouvernement en place comme «le pire de l'histoire» de la Pologne démocratique.

Il a promis d'être «un président actif», de «stimuler» le gouvernement – qui dispose d'une majorité parlementaire – avec des propositions de textes relatifs aux politiques fiscale ou agricole immédiatement après son investiture.

Contre l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan

Mardi, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, il a estimé que son investiture ouvrirait «un nouveau chapitre dans l'histoire de notre Pologne bien-aimée». Novice en politique et en relations internationales, Karol Nawrocki est un admirateur de Donald Trump, qu'il a rencontré brièvement à la Maison Blanche peu avant le premier tour du scrutin.

Pendant sa campagne, il a expliqué vouloir refuser «tout transfert de compétences» des autorités polonaises aux organes de l'Union européenne et de signer de nouveaux traités européens «affaiblissant le rôle de la Pologne». Il s'est également opposé à l'idée d'une adhésion de l'Ukraine à l'Otan, et a reproché à Kiev de ne pas avoir «fait preuve de gratitude pour ce que les Polonais ont fait».

Avec son slogan «La Pologne d'abord, les Polonais d'abord», il a ciblé le million de réfugiés ukrainiens vivant dans le pays. Jeudi dernier, Karol Nawrocki s'est pourtant entretenu au téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s'est déclaré «reconnaissant» d'avoir entendu «l'assurance d'un soutien continu à l'Ukraine».

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