Corps gisants au sol, immeubles endommagés et calcinés: les habitants du quartier de Sviatochynski, dans l'ouest de Kiev, se sont réveillés jeudi dans un décor apocalyptique après une nouvelle attaque aérienne russe qui a fait au moins huit morts et des dizaines de blessés. La Russie a lancé dans la nuit 70 missiles et 145 drones sur l'Ukraine, selon son armée de l'air, qui a assuré avoir intercepté 112 de ces projectiles. Olena Davydiouk, qui vit tout près du point d'impact d'un des missiles, a été réveillée par les puissantes explosions.
«Les vitres ont volé en éclats, les portes ont été arrachées de leurs gonds», raconte cette avocate de 33 ans encore sous le choc. Elle a vu ses voisins quitter à la hâte leurs immeubles bombardés. «Ils sortent des gens de sous les décombres, ils disent qu'il y a des morts», lance-t-elle aux journalistes de l'AFP sur place, alors que les secours s'emploient au milieu des ruines.
Des personnes encore sous les décombres
Une femme au visage ensanglanté est prise en charge par les pompiers, serrant son petit chien tremblant dans ses bras. Une autre, sous le choc, se couvre la bouche de ses mains. Sur l'herbe jonchée de décombres, des gens pleurent une personne décédée, déposée là par les secouristes.
D'autres attendent autour du véhicule des urgences, espérant recevoir des nouvelles de leurs proches, alors que les secours continuent de transporter des sacs mortuaires. «Ils disent qu'ils n'ont pas encore sorti tout le monde de sous les gravats», explique Olena, dans la rue, encore vêtue de son pyjama.
«Tout le monde meurt ici!»
Cette attaque russe intervient en pleine crispation diplomatique, alors que les pourparlers pour tenter de mettre un terme à l'invasion russe à grande échelle débutée en février 2022, semblent stagner, provoquant la colère de Washington. Olena dit ne pas comprendre pourquoi la Russie continue ses attaques meurtrières et encore moins les messages sur les réseaux sociaux, d'internautes russes se réjouissant après les frappes.
«Ils veulent nous détruire, c'est tout», lâche-t-elle, assurant avoir des connaissances russes qui se réjouissent des lourds bilans de victimes ukrainiennes. «Mes amis meurent au front, des jeunes, des vieux. Tout le monde meurt ici!», lâche-t-elle.
Des explosions à la chaîne
Anna Balamout s'est, elle, réfugiée en sous-sol après que l'alarme l'ai tirée du lit. La femme de 36 ans explique avoir eu de la chance «d'habiter tout près» d'un abri anti-bombes. Elle raconte la course «effrayante» en pleine nuit, avec ses deux enfants, au milieu des «vagues» d'explosions. «Les gens couraient, couvert de sangs. Ils criaient, il y avait des enfants, c'était terrible», confie-t-elle à l'AFP.
Les explosions se sont succédées dans la nuit, alors que les lumières des déflagrations de drones et des missiles éclairaient l'horizon de la capitale ukrainienne, selon des journalistes de l'AFP sur place. Durant l'attaque russe, des habitants se sont mis à courir dans la rue pour tenter de trouver un abri. «Si j'avais habité un peu plus loin, je n'aurai pas pu m'en sortir avec deux enfants», qu'elle a dû réveiller en pleine nuit pour «courir vers le bunker».
Devant son immeuble aux vitre soufflées, Anna Balamout estime que seul un «miracle» lui a sauvé la vie. Anna qui a fui les frappes sur sa région de Dnipropetrovsk, dans le centre de l'Ukraine, s'est retrouvée sous les bombes dans la capitale. «En fin de compte, on ne peut échapper à la guerre nulle part, peut importe où l'on va...», soupire-t-elle.