Après le massacre de Na Klang
La Thaïlande observe trois jours de funérailles nationales

En Thaïlande, des familles au coeur brisé priaient samedi pour les victimes d'un massacre dans une crèche, après avoir reçu le soutien de leur roi, venu «partager leur douleur» dans une rare visite à ses sujets.
Publié: 08.10.2022 à 11:57 heures
Des effets personnels d'une victime du massacre de Na Klang et des fleurs déposés sur un cercueil dans un temple bouddhiste. à Nong Bua Lamphu (Thaïlande).
Photo: NARONG SANGNAK

Le monarque âgé de 70 ans s'est rendu vendredi dans la soirée dans un hôpital de Nong Bua Lamphu où sont soignés les blessés de l'une des pires attaques qu'ait connues le royaume, 36 morts dont 24 enfants.

Samedi, les familles et les proches se recueillaient dans un temple bouddhiste, marquant le début de trois jours de rituels funéraires.

L'encens se mêle à l'odeur des innombrables bouquets de fleurs disposés autour des cercueils, dont beaucoup sont surmontés de photos des visages souriants et potelés des enfants abattus par Panya Khamrab, un ex-policier.

Le roi compatissant

Les fleurs et les jouets offerts en cadeau aux jeunes disparus se sont accumulés aux portes de la crèche samedi, alors que la communauté très unie du district rural de Na Klang avait du mal à comprendre cette atrocité.

«J'ai moi-même un fils et il aime jouer avec des voitures miniatures, alors j'ai pensé que les enfants tués dans l'attaque aimeraient aussi cela - ils avaient à peu près le même âge que mon fils», a déclaré à l'AFP Weerapol Sonjai, 38 ans, après avoir déposé une offrande.

Devant le roi vendredi soir, les familles endeuillées se sont agenouillées sur le sol de l'hôpital, comme le veut la coutume thaïlandaise en présence du monarque.

«Je suis venu ici pour vous apporter mon soutien. Je suis extrêmement triste de ce qui s'est passé. Je partage votre douleur, votre chagrin», a-t-il déclaré dans une vidéo publiée en ligne samedi matin.

Il s'agissait d'une très rare interaction directe avec ses sujets pour Rama X, dont la figure est sacralisée dans le pays.

La visite royale a eu lieu après une journée de deuil dans la petite crèche aux murs jaunes, située à la lisière d'un village du district rural de Na Klang, à quelque 500 km au nord de Bangkok.

Parents ravagés de douleurs

Des parents ravagés par la douleur ont déposé des roses blanches, une par une, sur les marches de la crèche où la vie de leurs jeunes enfants a été brutalement interrompue jeudi après-midi.

Duenphen Srinamburi, la grand-mère de l'une des victimes, a décrit l'horreur de l'attaque.

«Les enfants étaient en train de dormir. Il n'a pas utilisé d'arme à feu, seulement un couteau», a-t-elle déclaré à l'AFP.

«Le visage de mon petit-fils a été tailladé d'ici à ici», a-t-elle ajouté en faisant un geste en diagonale sur son visage. «Son visage était tout mutilé».

Une mère sous le choc s'agrippe à la couverture de son enfant disparu et tient dans la main son biberon de lait à moitié rempli.

Certains enfants étaient âgés de seulement deux ans.

«Je ne peux toujours pas accepter ce qui s'est passé. Assaillant, de quoi ton coeur est-il fait?», a écrit sur Facebook Seksan Srirach, le mari d'une institutrice enceinte de leur enfant et tuée à la crèche.

L'auteur sous méthamphétamine?

L'ancien policier armé d'un pistolet 9 mm acheté légalement et d'un long couteau a tué jeudi 36 personnes, dont 24 enfants (21 garçons et 3 filles), dans un périple meurtrier d'environ trois heures qui a débuté dans une crèche du district de Na Klang en milieu de journée.

L'homme de 34 ans a ensuite pris la route et renversé des passants, jusqu'à se rendre à son domicile, «pas loin» de la crèche, selon la police. Il y a tué sa femme et leur garçonnet, puis s'est donné la mort.

Le Premier ministre Prayut a ordonné une enquête rapide sur le massacre, et il est apparu que Panya avait été renvoyé de la police pour abus de drogues.

Plusieurs personnes de cette province rurale ont déclaré à l'AFP qu'il était connu pour son addiction à la méthamphétamine.

(ATS)

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