Après l’assassinat d’un enseignant en France vendredi et la mort de deux supporters de football suédois à Bruxelles lundi, les pays européens relèvent leur niveau d’alerte terroriste. Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a appelé ses compatriotes en Belgique à rester vigilants. A Milan, la police a arrêté mardi deux suspects soupçonnés d’être proches de l’Etat islamique (EI).
Faut-il s’attendre à de nouveaux attentats terroristes? Qui est dans le collimateur des islamistes extrémistes? Les réponses de Nicolas Stockhammer, directeur scientifique du département de recherche Counter-Terrorism, Countering Violent Extremism and Intelligence à l’université du Danube à Krems (Autriche).
C’est malheureusement tout à fait possible. La situation conflictuelle en Israël, la stabilisation du régime des talibans en Afghanistan et les incinérations de Coran en Suède ont un effet stimulant sur les scènes islamistes en Europe. Des imitations d'attentats commis par des groupes terroristes reconnus ne sont pas à exclure.
Le modèle du Hamas et des partisans pro-palestiniens en Europe peut inciter les militants islamistes à la violence. Les images de victimes civiles palestiniennes exploitées à des fins de propagande ont le potentiel de faire progresser la radicalisation sous nos latitudes également. De manière générale, le conflit au Proche-Orient, s’il continue à s’embraser, est un facteur encourageant pour les terroristes djihadistes dans toute l’Europe.
Actuellement, il faut s’attendre à des attentats de petite ampleur, perpétrés par des individus radicalisés ou de petites cellules. Des scénarios avec des armes blanches, des fusils d'assaut, voire même avec des engins explosifs improvisés sont envisageables.
Selon mon analyse, les djihadistes visent de plus en plus des personnes juives et israéliennes, et leurs lieux de rencontre. Il faut également protéger ceux qui soutiennent Israël et qui, par leur prise de position, sont dans le collimateur des extrémistes. Mais ces derniers peuvent aussi cibler – comme l’a montré Bruxelles – des individus suédois, très probablement en raison des incinérations de Corans à Stockholm. Mais cette liste peut évoluer selon la situation.
Les grandes métropoles européennes comme Bruxelles, Paris, Londres ou Berlin sont les premières visées, car cela attire l'attention. Mais les djihadistes ont aussi régulièrement frappé des villes plus petites, comme Würzburg (Allemagne), Ansbach (Allemagne) et Magnanville (France), lorsqu’il y avait un lien avec l’auteur de l’attentat.
Des individus radicalisés ou des petites cellules. La plupart des auteurs d’attentats sont de jeunes hommes, des migrants originaires de pays musulmans – souvent connus de la fonction publique, disposant de réseaux – avec un passé de petite délinquance. Mais là encore, les profils ne sont pas toujours identiques.
Définitivement. Car le pays est au centre de l'attention. Et il y a une scène djihadiste très développée en Suisse, comme à Winterthour. Une cellule basée dans la ville était en contact étroit avec le futur auteur de l’attentat de Vienne.
Grâce aux trois C: coopération, coordination et communication. Ces trois éléments sont essentiels pour une prévention réussie.