Plus de 10'000 personnes ont fui en 72 heures leurs localités dans le Darfour-Nord et le Kordofan-Sud, dans l'ouest et le sud du Soudan, en raison d'une recrudescence des violences, a indiqué dimanche l'agence de l'ONU pour les migrations. De jeudi à vendredi, plus de 7000 habitants ont quitté les localités de Kernoi et d'Oum Barou, dans le Darfour-Nord, près de la frontière tchadienne, a rapporté l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Entre mercredi et vendredi, environ 3100 personnes ont fui Kadougli, capitale du Kordofan-Sud, assiégée par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) depuis plus d'un an et demi, selon l'OIM. Dans cette ville où la famine a été déclarée en novembre, les organisations humanitaires ont évacué leur personnel après le retrait de la base logistique de l'ONU, selon une source locale.
Un conflit dramatique
Depuis avril 2023, une guerre oppose l'armée soudanaise aux FSR. Le conflit a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, 11 millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire au monde selon l'ONU. La prise fin octobre de la capitale du Darfour-Nord, El-Facher, par les FSR avait déjà provoqué l'exode de plus de 107'000 civils, selon l'OIM.
Ces derniers jours, les paramilitaires ont progressé vers l'ouest à travers des enclaves habitées par l'ethnie Zaghawa, jusque-là contrôlées par des milices alliées à l'armée. Vendredi, deux soldats tchadiens ont été tués par un drone des FSR qui a frappé la ville frontalière de Tiné, a indiqué à l'AFP une source militaire tchadienne.
Maîtres d'un tiers du territoire soudanais, les FSR concentrent désormais leurs offensives sur le Kordofan voisin, région riche en pétrole, or et terres fertiles, cherchant à reprendre le corridor central du Soudan, qui relie le Darfour à la capitale Khartoum. La guerre a déchiré le pays en deux: l'armée contrôle le nord, l'est et le centre, tandis que les FSR dominent toute la région du Darfour et, avec leurs alliés, certaines zones du sud.