Le 31 octobre est souvent synonyme de courges souriantes, de plateaux de bonbons acidulés, de marathons de films terrifiants et de hordes de mini-monstres tout apprêtés sur le pas de la porte, sachets béants entre les mains, petits becs avides de sucreries.
Mais en plus de marquer le jour d'Halloween, cette date coïncide également avec le Nouvel-An des sorcières et des druides, couramment appelé «Samhain». D'après la tradition celtique, cette fête, initialement célébrée en Angleterre et en Irlande, conclut la saison des récoltes, symbolise le début de la période sombre et ouvre la porte vers un nouveau cycle, pile deux mois avant la fin de l'année grégorienne. Certains chercheurs estiment d'ailleurs que le terme signifie probablement «la fin de l'été» (summer's end).
À l'heure où les grandes librairies consacrent toujours des rayons entiers à l'univers witchy, dont des romans, des livres de cuisine ou des cartes de tarot (comme «Le précieux grimoire d'Arlette Grimm», sorti le 23 octobre) les rituels et traditions des sorcières modernes continuent de fasciner le grand public. Et le 31 octobre constitue sans doute l'un des points clés du calendrier de Mélusine.
Sur la même thématique
Célébrer la nature et les défunts
Dans son podcast très apprécié «Comfy Cozy Witch», l'autrice américaine Jenny Blonde, sorcière auto-proclamée, indique que cette date permet à la fois de célébrer la nature et d'honorer nos ancêtres ou les êtres chers qu'on a perdus. Pas si différent qu'Halloween, finalement, dont les racines sont souvent confondues avec celles de Samhain, d'après l'Oxford English Dictionary.
Ainsi que l'affirment également la newsletter et le podcast «Witchful Thinking», la tradition païenne veut qu'à cette période de l'année, le «voile entre les mondes devient plus fin», permettant une meilleure connexion avec les défunts. Pour rappel, Halloween marque la nuit durant laquelle les êtres de l'autre monde peuvent se balader librement dans celui des vivants, d'où les costumes de fantômes et de vampires. Les deux fêtes se rejoignent donc sensiblement.
Afin d'en savoir plus sur les rituels de Samhain, nous avons demandé l'avis de Jessica Pauli, installée à Echallens, qui a organisé un premier «Festival de sorcières de Mabon» (un autre sabbat annuel celtique) en septembre. Et il s'avère que son programme du 31 octobre au 1er novembre est tout aussi rempli: notre intervenante a prévu une véritable Samhain Party, chez elle, qui devrait compter plus d'une dizaine de participants. Voici les rituels qui lui tiennent à cœur:
Honorer la nature… et cuisiner
Puisqu'à l'origine, Samhain était avant tout une fête des récoltes, notre intervenante a pour habitude de préparer des tartes ou des soupes pour honorer la terre: «J’aime cuisiner des fruits et légumes de saison comme des pommes, des courges, des champignons, note-t-elle. On peut aussi faire des offrandes à la nature ou certaines déités wiccanes, pour les remercier, en plaçant des fleurs, des noix ou des fruits dans la forêt.»
Pour l'imiter, on vous propose de préparer cette délicieuse butternut rôtie, ces pancakes à la courge et à la sauge, la véritable pumpkin pie américaine, ou encore le bon vieux pumpkin spice latte qu'on ne présente plus.
Créer un petit autel
Autre tradition couramment pratiquée par les druides (ainsi que nous l'avons appris l'année dernière lors d'un reportage à l'école druidique neuchâteloise), les autels sont souvent réalisés pour marquer tous les sabbats celtiques ou païens de l'année.
Jessica Pauli nous explique comment elle confectionne le sien, sur un plateau ou une petite table: «On peut rassembler plusieurs objets différents, qui symboliseront les 4 éléments naturels, ainsi que l’esprit, indique-t-elle. Quand je suis seule, je me contente d’allumer une bougie différente pour chaque élément (brune pour la terre, rouge pour le feu, verte ou turquoise pour l'eau et bleue pour l'air) et je représente moi-même le côté esprit. J’y ajoute d’autres objets, comme de la sauge, un petit balai de sorcière ou un oracle, qui marqueront les 4 points cardinaux protecteurs.»
Ce 31 octobre, lors de la fameuse Samhain Party, ce rituel prendra une tout autre ampleur: «Quand j’organise des cercles dans mon jardin, l’autel est recréé en grandeur nature, se réjouit l'organisatrice. Les quatre points cardinaux qui nous protègent sont marqués par des lampes torches, tandis que les éléments sont représentés par une bûche de bois, un chaudron d’eau, de l’encens ou du sel.»
Noter puis brûler notre rétrospective de l'année
Voilà une tradition qu'on peut facilement reproduire le 31 décembre, juste avant le décompte de minuit! Jessica Pauli précise en effet que la fête de Samhain est, à ses yeux, une période idéale pour travailler ses parts d'ombre, faire le point et redémarrer sur de bonnes bases: «Durant le cercle, j’invite chaque personne à pratiquer le rituel du feu, en notant sur une feuille la rétrospective de l’année, en détaillant les situations qui se sont avérées difficiles pour elle et comment elle a réussi par les gérer. Comme il tombe à la fin de l’année wiccane, ce sabbat marque à la fois une fin et un début.»
Après avoir rempli la petite feuille (quatre ou cinq éléments au maximum, conseille Jessica), il s'agit de la brûler, pour se débarrasser de ce qu'on a noté: «Je propose aux participants de regarder leur feuille brûler, car cela peut donner de précieuses indications, ajoute la Romande. On dit que s’il brûle vite, c’est le signe qu’on a réellement réussi à lâcher. Ces rituels représentent généralement des moments puissants, remplis d’émotions: certaines personnes pleurent, d’autres sourient, se sentent libérées...»
Sur le thème d'Halloween
Dresser la table pour les défunts
«Lors de la nuit du 31 octobre au 1er novembre, puisque le voile entre les mondes devient très fin, un autre rituel consiste à laisser place à nos défunts, pour honorer notre deuil, poursuit Jessica Pauli. On propose aux personnes disparues qui nous manquent de nous rejoindre et on dresse la table de sorte à laisser une place pour elles.»
Lorsqu'elle organise ce type de cérémonie chez elle (et ce sera le cas, ce 31 octobre), chaque participant peut apporter quelque chose à manger, afin que la soirée soit chaleureuse et conviviale.
Se protéger des énergies négatives
Toujours dans l'optique d'une «frontière entre les mondes plus fine» durant la période de Samhain, Jessica Pauli cherche à protéger un maximum son énergie, notamment lorsqu'elle a ressenti des ondes négatives: «Des bains de sels, de la sauge ou certaines visualisations peuvent contribuer à nous purifier, estime-t-elle. On peut par exemple prendre une douche et imaginer que l’eau nous remplit de lumière, qu’elle chasse toutes les mauvaises énergies accumulées dans le corps.»
Souvent pratiqué en méditation (les férus de pilates ou de yoga le connaissent sûrement!), cet exercice de «la douche énergétique» peut évidemment être réalisé à n'importe quel moment de l'année. Sur YouTube, il existe d'ailleurs de nombreux tutoriels pour le tester. Et en parlant de yoga, on vous conseille aussi le cours en ligne de «Yoga with Adriene» sur le thème d'Halloween: indémodable!