Selma, une Lausannoise djihadiste, et sa fille de cinq ans sont détenues dans le camp d’Al-Roj, au nord-est de la Syrie. Mais cela pourrait changer: leur rapatriement en Suisse est envisagé, révèle la Télévision suisse romande (RTS) ce mardi. Le Département fédéral des Affaires étrangères examinerait un potentiel retour de ces dernières, ce qui est un cas unique et exceptionnel.
Ce serait en effet une grande nouveauté, puisque le Conseil fédéral n'est, jusqu'ici, jamais intervenu pour rapatrier les djihadistes adultes de nationalité suisse, indique la RTS. Aucun autre rapatriement pour ce type de profil n'est d'ailleurs envisagé par les autorités.
Selma est une ancienne étudiante en droit de l'Université de Lausanne. La djihadiste a été questionnée dans l'émission Rundschau de la SRF il y a quelques mois. «Je voulais tellement y croire, je voulais aller avec mon mari dans un endroit paradisiaque. Mais ce n’était pas le cas, je le sais aujourd’hui. J’étais trop naïve», avait-elle alors déclaré. La Lausannoise craint aujourd'hui pour la sécurité de sa fille et voudrait rentrer au pays avec elle.
Un rêve peut-être impossible
La Suisse va-t-elle exaucer son souhait? Le Conseil fédéral s'est toujours opposé au rapatriement de djihadistes adultes, souligne la RTS. A noter qu'empêcher le retour de citoyens suisses au pays n'est pas autorisé par la Constitution. Mais la Confédération n'est pas tenue d'intervenir dans des cas où des adultes ont quitté le pays pour des motivations terroristes.
La fille de la Lausannoise pourrait, quant à elle, être aidée par les autorités – mais sans sa mère. Ce type de cas est survenu une fois en décembre 2021, rappelle la RTS. Deux filles de 9 et 15 ans avaient été ramenées à Genève alors que leur mère était restée emprisonnée sur place. Une option que Selma n'envisage pas, ce pourquoi elle et sa fille sont bloquées dans le camp syrien.
Si la Confédération acceptait de les ramener, la petite serait prise en charge par l'Etat, tandis que la mère serait arrêtée et jugée, continue la RTS. «Un tel procès serait une première en Suisse.» Un dossier très sensible, qui prendra certainement du temps à aboutir.