En Suisse, les conduites d'eau potable doivent être rincées au plus tard toutes les 72 heures. C'est ce que stipule l'ordonnance sur l'eau potable, l'eau de baignade et l'eau de douche, qui date de 2017. Pourquoi cela? Si les conduites ne sont pas rincées durant ce temps imparti, un film bactérien peut s'y former. Ce dernier peut être responsable de maladies.
Ce problème peut être facilement évité dans les logements ou les bureaux, car les conduites y sont utilisées régulièrement. Plus difficile de s'en assurer, en revanche, dans les immeubles qui ne sont pas habités en permanence. C'est le cas, par exemple, dans les quelque 2300 installations de protection civile que compte la Suisse.
La règle des 72 heures
Au début de l'année, l'Office fédéral de la protection de la population (OFPP) a envoyé aux cantons une fiche d'information sur l'application de l'ordonnance dans les bâtiments publics utilisés de manière irrégulière. Celle-ci pose désormais des problèmes logistiques aux communes et aux organisations de protection civile. En effet, celles-ci devraient rincer les conduites d'eau de l'ensemble des 2300 installations tous les trois jours.
Si cela n'est pas possible, des panneaux portant l'inscription «Pas d'eau potable» doivent être apposés sur les robinets. De nombreuses communes vont probablement choisir cette option face à l'immensité de la tâche. Rincer régulièrement toutes les installations représente «un effort logistique tout simplement trop important», affirment plusieurs communes et organisations de protection civile interrogées par Blick.
Cela ne fait que déplacer le problème
Les symboles sur l'absence d'eau potable ont pour objectif d'empêcher que quelqu'un ne tombe malade, en consommant directement de l'eau contaminée. Mais les impuretés présentes dans les conduites d'un immeuble peuvent tout à fait se retrouver dans les conduites publiques. Ainsi, ce sont des quartiers entiers qui peuvent être imprégnés de bactéries. Pour éviter cela, il faudrait plomber les conduites qui ne sont pas continuellement rincées.
Il en va de même pour les conduites des appartements de vacances. Dans ce cas, les propriétaires sont responsables du rinçage régulier ou de l'arrêt de la conduite. «Les propriétaires ont des obligations, mais ils n'en sont souvent pas conscients par manque d'information. C'est un fait que je constate toujours avec étonnement», rapporte Matthias Mend, spécialiste de l'eau.
D'innombrables conduites polluées en Suisse?
On peut donc supposer qu'il existe un nombre conséquent de conduites potentiellement polluées dans toute la Suisse. Celles-ci constituent une menace pour notre approvisionnement en eau potable. Aujourd'hui déjà, des maladies comme la légionellose sont en augmentation dans le pays.
Selon l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), il est impossible de dire si l'augmentation de cette maladie est réellement liée à la détérioration de notre eau potable. Reste que l'année dernière, à Zoug et à Lucerne, les habitants de certains quartiers ont dû faire bouillir leur eau, car elle était infestée de bactéries.
Le changement climatique va encore aggraver le problème. En effet, les bactéries et les impuretés trouvent un terrain de plus en plus favorable dans nos canalisations lorsque les températures augmentent.