Dans la plupart des trains grandes lignes des Chemins de fer fédéraux suisses (CFF), ce sont les contrôleurs qui sont chargés de donner le signal du départ. Lorsque tous les pendulaires sont montés et que l'heure de départ est atteinte, ils informent le mécanicien de locomotive, le plus souvent par SMS.
Afin de permettre aux trains d'être plus ponctuels, les CFF proposent la mesure suivante: à l'avenir, certains mécaniciens de locomotive pourraient décider seuls de l'heure de départ du train. Mais cette idée se heurte à une forte résistance de la part du personnel. Depuis l'accident mortel de Baden en 2019, où un employé a été coincé par une porte, le sujet de la sécurité sur les quais est chargé d'émotion.
La mesure concernerait surtout une ligne dans la vallée du Rhin saint-galloise, comme le rapporte CH Media. L'Interregio 13 (IR 13) y circule de Zurich à Sargans (SG) via Saint-Gall. Les conducteurs perdent fréquemment du temps lors des stations les plus peuplée. En cas de retard, la correspondance est souvent perdue.
C'est pourquoi les CFF ont fixé un ultimatum à leur personnel: si le train ne peut pas respecter les aspects de ponctualité pendant trois semaines, les contrôleurs seront alors libérés de leurs fonction d'annonce de départ. L'IR 13 pourrait ainsi gagner quelques secondes, notamment parce que le SMS a besoin de temps avant d'arriver au personnel de locomotive.
Vives critiques
La mesure a été «âprement discutée» par le personnel des trains, comme on peut le lire dans le dernier journal des membres du syndicat des cheminots (SEV). «Les émotions sont montées en flèche». et le personnel tire la sonnette d'alarme. Pour eux, «les conséquences négatives sur la sécurité sont disproportionnées par rapport aux améliorations potentielles, qui seraient minimes».
«Techniquement, l'auto-assistance est certes possible avec les FV-Dosto (ces trains à deux étages pour les grandes lignes) qui sont actuellement utilisés sur l'IR 13. Mais avec des trains parfois très longs, les mécaniciens ont une moins bonne vue d'ensemble que les contrôleurs, qui accompagnent la clientèle» précise René Zürcher, responsable du trafic voyageurs des CFF au SEV à CH Media. «Si la mesure s'applique, toute la responsabilité reposera sur les épaules des mécaniciens.»
Le scénario de la peur
Les CFF voient les choses différemment: la porte-parole Sabrina Schellenberg argumente que la sécurité est garantie à tout moment, même en cas d'auto-départ. Les trains sont équipés à cet effet. De plus, cette procédure est standard depuis de nombreuses années sur de nombreuses lignes de Regioexpress et de RER, et celles-ci circulent avec des trains de longueur similaire.
Pour l'instant, il n'y a pas encore de changement fixé. L'IR 13 respecte actuellement la ponctualité des correspondances à 95%. Le dernier mot n'a pas encore été dit. «Nous continuons à observer la situation», explique Sabrina Schellenberg. Le scénario de la peur pourrait donc quand même se réaliser pour le personnel.