«Aujourd'hui, c'est un miracle d'avoir deux mains, car je n'en ai pas eu pendant près de 17 ans», explique Luka Krizanac au média américain CBS. Amputé lorsqu'il était enfant, ce Suisse de 29 ans a reçu une double greffe des mains après des années de lutte acharnée. Le 13 juin dernier, Luka est retourné sur les lieux de son opération, aussi laborieuse que révolutionnaire, réalisée à l'automne 2024 à l'Hôpital Penn Medicine à Philadelphie, aux Etats-Unis.
Revenons un peu en arrière. La vie de Luka bascule à 12 ans, lorsqu'une angine streptococcique mal soignée lui cause une septicémie potentiellement mortelle. Le diagnostic est sans appel: pour sauver sa vie, Luka doit être amputé des mains et des jambes. Il passe donc son enfance à Zurich à essayer de se réapproprier son corps.
En grandissant, il apprend à marcher avec des prothèses, à dessiner et à peindre. Il fait des études universitaires et trouve un travail dans une banque, sans pour autant réellement retrouver liberté et autonomie. «Tenter de compenser l’absence de bras avec une main robotique en plastique est tout simplement impossible», a-t-il confié à CNN.
Une opération rarissime
Luka et sa famille se sont battus pendant des années pour ce moment, ils ont surmonté des obstacles médicaux, financiers et logistiques pour qu'il soit pris en charge par le Docteur Levin. La double greffe des mains est une opération extrêmement rare: une étude indique que seuls 148 cas de greffes du visage et des mains ont été recensés dans le monde en 2023. Et d'après l'hôpital Penn Medicine, Luka fait partie des 50 personnes dans le monde à avoir bénéficié de cette opération en particulier.
Par ailleurs, trouver le bon donneur est un véritable défi. En plus du groupe sanguin, la couleur de peau, la taille des mains et l'âge du donneur doivent aussi correspondre à ceux du patient. Dans le cas de Luka, plus de 20 professionnels de la santé ont participé à son opération. Il a fini par sortir du bloc après 12 heures.
A peine réveillé de son anesthésie, Luka a ouvert les yeux, s'est tourné vers les infirmières et a déclaré: «Regardez comme mes mains sont belles.» A présent, il peut réaliser de simples gestes du quotidien, comme se préparer un café, envoyer des textos ou encore saisir une bouteille d'eau. Si Luka a retrouvé sa liberté, il n'est pas encore totalement tiré d'affaire. Car la régénération des nerfs peut durer des mois, voir des années. Il suit donc trois à quatre séances de rééducation par semaine et prend des médicaments anti-rejet.
Malgré tout, aucun suivi médical ne pourrait entacher son bonheur de retrouver ses sensations: «C’était vraiment un moment de révélation où je me suis dit: 'Oh mon Dieu, je sens la température de l’eau.'» Grâce à son opération, Luka peut se livrer à sa passion du moment: être barista. «Je veux juste être un gars normal, un adulte comme les autres.»