Le Valais est frappé par une série d'incidents tragiques en montagne. Après l'accident d'un groupe de randonneurs à ski à la mi-mars à Tête Blanche, qui a fait au moins cinq morts, une avalanche s'est déclenchée le lundi de Pâques à Zermatt. Trois morts.
Moins de 24 heures plus tard, nouvelle tragédie: un hélicoptère d'Air Glaciers est victime d'un accident dans le Bas-Valais. L'hélicoptère a glissé sur 800 mètres, vraisemblablement sur toute la pente nord, à proximité du Petit Combin, à plus de 3600 mètres d'altitude. Trois personnes ont perdu la vie: le pilote, le guide et un client.
Trois personnes ont survécu, mais leur état de santé n'est pas détaillé. Les conditions météorologiques de ce mardi matin n'étaient pas optimales, explique-t-on dans le milieu.
Blick a pu s'entretenir avec un pilote d'hélicoptère spécialisé dans l'héliski. Andreas Graf, 23 ans, pilote pour l'entreprise familiale Heliunion de Bolzano (IT) dans le Tyrol du Sud, dirige l'entreprise avec son père Georg. La flotte se compose de six appareils de type Airbus H-125 – le même modèle que l'appareil accidenté.
Andreas Graf, qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez appris l'accident en Suisse?
C'est une histoire tragique, même si elle ne nous concerne pas personnellement. Mais on peut en tirer beaucoup d'enseignements pour éviter de futurs accidents.
Pouvez-vous imaginer ce qui a pu se passer lors de cet accident?
C'est très difficile à dire. Tant qu'il n'y a pas de rapport d'accident, c'est de la pure spéculation. Mais pour moi, les photos et les détails que j'ai appris par les médias donnent l'impression que le pilote a perdu le point de référence à cause du whiteout.
Qu'est-ce que cela signifie?
Le whiteout se manifeste lorsqu'un hélicoptère qui s'approche soulève la poudreuse. Le pilote n'a plus de visibilité pendant un moment lors de l'atterrissage. Dans ce cas, il est possible que le pilote ait manqué ou n'ait pas trouvé le point de référence sur le terrain d'atterrissage, un drapeau ou un piquet. Il se peut aussi qu'à cette altitude, l'hélicoptère n'ait plus eu la force de repartir. Il a donc pu mal atterrir, basculer sur le côté et glisser en bas de la montagne.
Comment peut-on éviter l'accident?
En général, on vole d'abord haut avec un guide de montagne ou un expert, on repère le lieu d'atterrissage et on place différents points de référence sous forme de drapeaux ou de piquets. Cela suffit généralement pour pouvoir y atterrir plus tard avec des clients. Je suis sûr que les personnes accidentées en Valais n'étaient pas des débutants, mais des professionnels bien formés. Il faut plusieurs heures de formation et de vol pour pouvoir effectuer de tels atterrissages.
Quelles autres précautions faut-il prendre pour l'héliski?
Comment s'y rendre? De quoi ai-je besoin pour m'y rendre? Ces questions font partie de la formation. A cette altitude, il faut tenir compte de plusieurs choses: la puissance de l'hélicoptère, la visibilité et la météo. C'est surtout cette dernière qui pose problème. Pour le reste, nous sommes formés à réagir en conséquence.
C'est-à-dire?
Nous devons prendre la décision de dire «stop, ça suffit». Pouvoir dire «non» est la qualité la plus importante dans l'aviation. Même si l'on doit accepter de perdre le client. En tant que pilote, il faut être capable d'abandonner si la météo est mauvaise ou pas assez bonne. La montagne est et reste imprévisible. Il y a toujours un risque.