À Genève, Leonard Ferati, député socialiste au Grand Conseil, n’est pas d’humeur à rire. À Berne, la conseillère aux États Marianne Maret non plus. Les deux personnalités s’inquiètent des effets du protoxyde d’azote — qu’on appelle gaz hilarant — chez ses consommateurs, relate ce 28 janvier «Le Matin Dimanche».
L’élue valaisanne du Centre a interpellé le Conseil fédéral et attend ses réponses. Le politicien du bout du Léman, lui, vient de déposer une motion, renvoyée en commission. Il demande «une régulation immédiate de l’achat et de la vente du protoxyde d’azote chez les jeunes de moins de 18 ans».
Vendu «dans des boîtes de nuit»
Toujours selon celui qui aimerait que la vente de la substance soit interdite aux mineurs, «il faut étudier le phénomène dans les plus brefs délais et sensibiliser sur [ses] dangers.» Nos confrères développent: «Conscient de la vente du produit à des fins récréatives dans certaines boîtes de nuit genevoises, Leonard Ferati souhaite que des contrôles soient effectués.»
En comparaison avec nos voisins, la Suisse est à la traîne sur cette question. Mais quels sont les risques de ce gaz souvent inhalé à l’aide de ballons gonflables? En France, où des mesures ont déjà été prises, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) est claire. Elle distingue deux catégories sur son site internet:
- Les risques immédiats: asphyxie par manque d’oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé, désorientation, vertiges, chutes notamment.
- Les risques à plus long terme: En cas de consommations répétées et à intervalles rapprochés et/ou à fortes doses, de sévères troubles neurologiques, hématologiques, psychiatriques ou cardiaques peuvent survenir. La consommation associée à d’autres produits (alcool, drogues) majore les risques.
Un effet fugace et euphorisant
Pour mémoire, le gaz hilarant ou «proto», a d’abord un usage alimentaire. La molécule N2O est vendue, sous la forme de cartouches (pour les siphons à chantilly, par exemple) ou de bonbonnes dans certains commerces de proximité ainsi que sur internet.
Son usage détourné — identifié depuis plusieurs années — consiste à inhaler le gaz à des fins récréatives. Le produit, bon marché, fait un tabac chez les jeunes. Ceux-ci recherchent l’effet rapide, fugace, euphorisant et les distorsions sensorielles ressenties qu’il provoque. «Ce type d’usage s’est amplifié, ainsi que le nombre et la gravité des complications observées», s’inquiète la MILDECA.