Un nombre record de reins, de foies et de cœurs
Le don d'organes explose, mais pour des raisons inconnues

Il y a quelques mois encore, Swisstransplant tirait la sonnette d'alarme. Mais le vent a tourné: jamais autant d'organes n'ont été transplantés qu'au cours des trois derniers mois en Suisse.
Publié: 17.08.2023 à 13:07 heures
|
Dernière mise à jour: 17.08.2023 à 16:24 heures
Partager
Écouter
1/4
Le nombre d'organes donnés au deuxième trimestre est nettement supérieur à celui des trois premiers mois de l'année.
Photo: Keystone
RMS_Portrait_AUTOR_1049.JPG
Lea Hartmann

Franz Immer, directeur de la fondation Swisstransplant, est surpris: lui non plus ne parvient pas vraiment à expliquer ces chiffres. Entre avril et juin de cette année, 59 personnes ont donné un ou plusieurs organes après leur décès. Cela représente au total 172 organes: reins, foies, cœurs... C'est plus d'un tiers de plus qu'au cours des trois premiers mois de l'année. «A ma connaissance, nous n'avions encore jamais connu un tel trimestre», constate Franz Immer avec étonnement.

Toutefois, cette évolution doit être interprétée avec une certaine prudence. Il y a des fluctuations relativement importantes dans les dons d'organes, explique le directeur de Swisstransplant. Mais même en tenant compte de cela, l'évolution est remarquable. «Je m'attends à ce que nous terminions l'année avec un nouveau record», se réjouit le directeur.

Grâce à un nouvel outil?

Actuellement, environ 1400 personnes se trouvent sur la liste d'attente pour un don d'organe. Alors que le délai d'attente moyen pour un cœur était encore de onze mois au début de l'année, il était deux fois plus court au deuxième trimestre.

Selon Swisstransplant, l'une des raisons de cette évolution positive est probablement un nouvel outil mis à disposition dans les unités de soins intensifs. Il permet aux médecins de clarifier rapidement et simplement, avec la fondation, si un défunt patient est éligible au don d'organes – et si c'est le cas, quels organes sont disponibles.

L'outil est utilisé depuis deux ans maintenant, explique Franz Immer. «C'est un instrument très important pour aider les spécialistes en soins intensifs.» De plus, il s'est avéré que les proches donnent plus souvent leur accord pour un don lorsqu'ils ont déjà eu un échange avec Swisstransplant. Cela permet d'informer la famille, notamment sur quels organes entrent en ligne de compte.

Le dernier trimestre a été une catastrophe

Le président espère que ce renversement de tendance se poursuivra. En effet, il y a quelques mois encore, Swisstransplant se plaignait d'une chute des dons d'organes, et ce, depuis l'été dernier.

Le premier trimestre a même été une véritable catastrophe. «En l'espace de trois mois, 29 personnes en attente d'un don sont décédées», précise-t-il. Cette situation, qui a fragilisé le corps médical, a probablement eu une influence sur la situation actuelle. 

Changement de paradigme

Le vote sur la nouvelle loi sur la transplantation a également contribué à ce progrès, estime Franz Immer. En mai 2022, les électeurs ont décidé d'un changement de paradigme: Désormais, il ne sera plus nécessaire de consentir explicitement au don d'organes de son vivant. Il faut maintenant préciser, l'inverse: dire non lorsque l'on ne souhaite pas donner une partie de son corps.

La nouvelle réglementation – la solution dite de l'opposition – n'est toutefois pas encore en vigueur. Franz Immer pense que cela ne fera pas avant 2025. Mais il attend avec impatience, dans l'espoir que le nombre de dons d'organes augmente encore.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la