Un expert sur les couples meurtriers
«En général, l'un des deux est la force motrice, l'autre participe»

Un couple d'amoureux serait impliqué dans un meurtre en Valais. Le psychologue légiste Jérôme Endrass explique comment les duos amoureux peuvent devenir criminels et ce qui fascine les gens dans ce domaine.
Publié: 17.04.2024 à 13:12 heures
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Ahmad L. et Katja K. sont accusés d'avoir commis un meurtre à Haute-Nendaz, en Valais, en juin 2023.
Photo: zVg
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Martin Meul

L'été dernier, un couple d'amoureux originaire de Brunswick, en Allemagne, s'est rendu à Haute-Nendaz, en Valais, pour y commettre un meurtre présumé. Les autorités valaisannes et allemandes enquêtent sur leur implication dans la mort d'un Afghan alors âgé de 24 ans.

Il arrive régulièrement que des couples commettent des crimes ensemble. On n'a pas oublié l'histoire du duo criminel Bonnie and Clyde aux Etats-Unis, et la version suisse du couple meurtrier: un jeune soldat américain et sa petite amie alors âgée de 15 ans tuant ensemble Ernst Bingisser en 1971. Plus récemment, l'évasion du détenu Hassan Kiko et de sa surveillante de l'époque, Angela Magdici, a fait la une des journaux.

Une possible dépendance

Jérôme Endrass est psychologue médico-légal et directeur adjoint de l'Office d'exécution des peines et de réinsertion du canton de Zurich. Selon lui, il n'est pas si rare que des couples soient impliqués dans des crimes. Mais il existe plusieurs raisons et motivations. «Souvent, le ou la partenaire participe au crime pour plaire à l'autre, pour ne pas mettre en danger la relation», explique l'expert.

Si une personne qui souhaite plaire à tout prix aux autres rencontre un individu ayant des tendances violentes, la relation peut vite dégénérer dans le crime. «Dans de tels cas, une relation de dépendance psychologique se développe», explique le psychologue légiste.

Dans de telle situation, les autorités doivent déterminer et comprendre la relation pour ensuite laisser les experts juger du crime. Cette question se pose aussi dans le cas de Haute-Nendaz. Le beau-père de la suspecte est convaincu que sa belle-fille n'était pas au courant des projets de meurtre de son compagnon.

Pas toujours de dépendance

Si les couples commettent des crimes en duo, il n'y a pas forcément de dépendance. «Il est tout à fait possible que les deux partenaires aient un penchant pour la violence, qu'ils en soient fascinés», précise Jérôme Endrass. Selon l'expert, la plupart du temps l'un des deux partenaires dirige l'affaire. «En règle générale, l'un des deux est la force motrice, l'autre participe.»

Il peut effectivement arriver qu'un complice ne devienne criminel qu'à cause de son partenaire. «Plus quelqu'un participe au crime, plus sa disposition à la violence était probablement déjà grande auparavant», poursuit l'expert. Une personne qui reste éloignée du crime n'a fait «que» de tolérer l'acte.

Pour Jérôme Endrass, si les crimes commis par des couples font particulièrement parler d'eux, c'est aussi parce qu'ils enflamment l'imagination. «C'est justement la combinaison de la violence et de la sexualité qui a le potentiel d'émouvoir particulièrement les gens.»

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