Puis-je réserver un séjour linguistique aux Etats-Unis sans devoir demander un visa? Mes chances de passer la douane diminuent-elles si j'ai partagé sur Instagram une caricature négative de Donald Trump? Les collaborateurs de Claudio Cesarano, CEO du prestataire de voyages linguistiques zurichois Linguista, sont actuellement submergés par ce genre de questions. «Il y a actuellement beaucoup d'incertitude liée à un séjour prolongé aux Etats-Unis», confie-t-il.
Cela s'explique notamment par le durcissement des règles d'attribution des visas américains. Depuis 2019 déjà, les requérants doivent fournir des informations sur leurs comptes de réseaux sociaux. Mais ce qui est nouveau, c'est qu'il faut mettre tous ses profils sociaux en mode «public» au plus tard le jour de l'entretien pour le visa à l'ambassade américaine – et ce jusqu'à ce que le passeport soit restitué.
Les candidats à un permis de séjour ou de travail aux Etats-Unis sont même soumis à un contrôle de l'anti-américanisme, un test qui se base là aussi sur ce qui a été publié sur les réseaux sociaux dans le passé. Ainsi, effectivement, les posts critiques envers Donald Trump ne devraient pas favoriser l'obtention d'un visa.
Plutôt le Canada ou l'Australie
Pour un court voyage touristique aux Etats-Unis, les Suisses n'ont certes pas besoin de visa. L'Esta, une autorisation d'entrée numérique, suffit. Ceux qui réservent un séjour linguistique de moins de trois mois n'ont pas non plus besoin d'un visa. Mais pour les autres, c'est une autre histoire.
C'est pourquoi le nombre de réservations pour les séjours linguistiques aux Etats-Unis diminue massivement. «Pour l'année prochaine, nous n'avons pas encore une seule réservation pour les Etats-Unis», déclare Claudio Cesarano. Les étudiants préfèrent de plus en plus les séjours au Canada, en Australie ou dans d'autres pays plutôt qu'aux Etats-Unis.
Cette année, Linguista n'a pratiquement pas connu de pertes jusqu'en juin, seulement une baisse de 3%. Mais selon le PDG, on est maintenant à moins 23%, et d'ici la fin de l'année, on devrait être à moins 37%. L'Australie enregistre tout de même une hausse de la demande de 15% et la Nouvelle-Zélande de 26%. «Mais cela ne compense pas encore, loin s'en faut, la perte des Etats-Unis, le deuxième marché le plus important après l'Angleterre pour les voyageurs linguistiques en anglais.»
Les jeunes voyageurs font défaut
Simon Marcon, propriétaire du Studylingua Group à Saint-Gall, est lui aussi préoccupé par la chute de popularité des Etats-Unis. «La politique d'entrée des Etats-Unis touche particulièrement nos écoles partenaires.» Celles-ci auraient signalé que le marché des voyages linguistiques pour les élèves de moins de 16 ans se serait effondré de manière significative. «Les parents du monde entier évitent actuellement d'envoyer des élèves et des jeunes mineurs aux Etats-Unis.» Le Studylingua Group a donc retiré de son programme les voyages linguistiques encadrés pour les élèves et les adolescents jusqu'à nouvel ordre.
De manière générale, le recul pour les Etats-Unis s'élève à près de 20% par rapport à l'année précédente. Selon Simon Marcon, les cours d'anglais en Europe – Angleterre, Irlande, Malte – sont actuellement bien plus prisés. Pour 2026, il ne s'attend pas encore à une amélioration, même si les demandes ont récemment augmenté. «Peut-être en raison des prix bas proposés actuellement par les compagnies aériennes.»
Simone Moser, directrice adjointe du prestataire de voyages linguistiques EF Suisse, ne donne pas de chiffres concrets. Selon elle, la demande pour les Etats-Unis est stable, «au niveau de l'année précédente». Elle fait état de retours positifs des étudiants sur place et constate que les remous politiques n'ont que peu d'influence sur l'expérience des étudiants. Elle admet toutefois qu'il y a «un besoin accru d'informations et de conseils dans la phase de planification».
Détail piquant: le département d'Etat américain a récemment annoncé que depuis l'investiture du président américain Donald Trump, près de quatre fois plus de visas étudiants ont été refusés ou révoqués que durant la même période de l'année précédente.