Les radars sont devenus un sujet politique. Les Jeunes libéraux-radicaux du canton de Soleure ont une idée controversée: arrêter les contrôles radars pendant les travaux de l'extension de l'autoroute A1, l'autoroutier le plus important du pays. Gabriela Suter, conseillère nationale du Parti socialiste (PS), ne comprend pas cette exigence, comme elle l'explique à Blick.
Les Jeunes libéraux-radicaux doutent de l'utilité des contrôles radars, si ce n'est de remplir les caisses de l'Etat. Selon eux, les contrôles de vitesse sur l'autoroute ne favoriseraient pas la sécurité routière de manière générale. Ils disent s'engager «pour une politique des transports raisonnable». Ils estiment aussi que certains conducteurs freineraient par crainte d’une amende, même en respectant la limitation de vitesse. Ce comportement engendre ce que l’on appelle des embouteillages fantômes, qui favorisent une hausse du trafic d’évitement.
Par ailleurs, le porte-parole de l'Office fédéral des routes (OFROU), Thomas Rohrbach, a déjà déclaré au «Solothurner Zeitung» que les embouteillages fantômes existent bel et bien, mais qu'ils ne sont pas forcément liés à la présence des radars, mais résultent souvent de manœuvres de conduite.
«Les limitations ne sont pas des recommandations»
La revendication des Jeunes libéraux-radicaux s'oppose exclusivement aux «contrôles radars inutiles et temporairement risqués dans la zone des chantiers, où les vitesses sont déjà réduites par les restrictions de construction». Les chauffards doivent tout de même être condamnés, affirment les jeunes libéraux-radicaux dans leur prise de position.
Pour Gabriela Suter, cette proposition est «totalement absurde». «Ceux qui respectent les limitations de vitesse ne doivent pas craindre les contrôles», déclare la députée argovienne. Elle estime que les limitations ne sont pas des «recommandations», mais des prescriptions contraignantes. Les mauvais comportements sur la route doivent être sanctionnés.
Et c'est justement le long des chantiers, là où c'est dangereux, que la vitesse doit être réduite. Sans contrôles, nombreux sont ceux qui n'adapteraient pas leur vitesse.
Des emplacements radars publiés par des cantons
La police cantonale soleuroise a pour habitude de publier les emplacements des radars fixes ainsi que ceux qui restent au même endroit pendant plusieurs jours. Ce projet pilote a duré de juillet 2022 à octobre 2025. Depuis février 2024, les emplacements des radars sont également publiés dans le canton de Bâle-Campagne.
Une pratique que déplore Gabriela Suter. «Pour la sécurité routière, il est décisif que l'on ne sache pas où se trouvent les radars.» Ce n'est que grâce à l'effet de surprise que les automobilistes pourront respecter les règles – et pas seulement là où ils s'attendent à un contrôle. «Lorsque l'on sait que l'on peut être flashé à tout moment, les règles de circulation sont mieux respectées. C'est précisément le but de ces contrôles», explique Gabriela Suter.
Mais la connaissance des emplacements ne semble pas empêcher les mauvaises habitudes. En effet, même durant la publication des résultats, le radar de l'A2 en direction de Berne/Lucerne a flashé 51'787 fois en 173 jours, avant la sortie de Sissach (BL). «Bz Basel» avait même estimé qu'il s'agissait du «radar le plus assidu de Bâle». Avec des amendes moyennes de 40 francs, ce radar aurait permis à l'Etat d'encaisser environ 2,1 millions de francs.
Le Tribunal fédéral est sévère
Et qu'en est-il de la jurisprudence? Le Tribunal fédéral se montre, lui aussi, intransigeant sur la sécurité lors des chantiers. Sur les autoroutes, un dépassement de 35 km/h est considéré comme une infraction grave. En revanche, sur les chantiers autoroutiers, les règles sont les mêmes qu'en dehors des localités. Cela signifie qu'un dépassement de 30 km/h est déjà considéré comme une infraction grave aux règles de la circulation.
S'ensuivent une amende, une peine pécuniaire, puis un retrait de permis d'au moins trois mois. Le tribunal justifie sa jurisprudence par le fait qu'un «tronçon d'autoroute signalé par une limitation de vitesse de 80 km/h est comparable à un tronçon hors localité compte tenu des dangers potentiels».